mardi 20 mars 2007

"Je cueille des iris qui fanent"
Lilas

La tête pleine
oubliée
Dans un quelque part lointain
oublié
Lui aussi.

dimanche 18 mars 2007

Il a dit:
Je te promets que je ne travaillerai pas ce week-end.
J'ai fait la sourde oreille. Deux fois déjà que nos châteaux de sable s'effondraient, je n'avais aucune envie de voir de nouveau le sable couler entre mes doigts. Je lui ai dit oui, oui je te crois... et, en silence, je me suis convaincue qu'il allait travailler. Je me suis dit au pire j'avais raison, au mieux c'est une jolie surprise que de le trouver libre. Devant mon refus à faire des plans, il a vite compris mon stratagème.
Il a dit:
J'aimerais que tu me fasses plus confiance.
Je lui ai dit oui, oui je te fais confiance et je l'ai laissé construire tout seul notre château de sable en donnant quelques fois un coup de pelle pour donner le change. Mais, en silence, je me construisais mon propre palais. Un palais un peu rose, un peu vide, un peu pour passer le temps.
Vendredi, il a dit:
Je suis libre.
J'ai dit oui, oui, je savais bien... et puis, tout à coup, j'ai pris conscience des mots qu'il venait de prononcer. J'ai pris ma pelle et je lui ai tendu la sienne. Ensemble, nous avons construit un pont entre nos appartements royaux.

jeudi 15 mars 2007

J'ai la page blanche et les journées trop occupées pour penser.
Faut-il être rendu aveugle pour oublier de sentir le temps qui s'échappe...

dimanche 11 mars 2007

Je t'ai vu dans la rue.
Je sais que c'était toi, je t'ai reconnu à ta démarche un peu particulière, à ton manteau, celui qu'on a acheté ensemble, te rappelles-tu...
J'ai pensé crier ton nom. Je l'ai pensé très fort et puis je n'ai rien dit.
Je t'ai suivi un peu, presque par envie, presque parce que c'était aussi mon chemin. Tu traversais des rues avec ta main gauche qui pendait, seule. J'avais envie de courir te rejoindre, de glisser ma main dans la tienne, d'oublier les mois qui ont entrecoupés nos baisers. J'ai eu envie très fort et puis je n'ai rien fait.
Devant le 802, je t'ai laissé à ton futur et j'ai remis notre passé dans un tiroir de ma mémoire. J'étais à destination et pas toi.

samedi 10 mars 2007

Parfois il s'agit d'un jeu de téléphones malchanceux. Une suite de coïncidences qui joue contre nous.

"- Tu ne m'as pas rappelée!
- Quoi? C'est moi qui a laissé un message sur ton répondeur aujourd'hui.
- Tu n'as pas eu mon message? J'ai rappelé pendant que tu dormais, c'est ta coloc qui a pris le message."

Merde. Dire qu'on aurait pu aller souper.

"- Je suis désolé, j'ai voulu t'avertir que j'arriverais en retard, mais quand j'ai appelé la ligne était occupée.
- Oui et bien tu aurais pu essayer un peu plus tard..."

jeudi 8 mars 2007

Alors que la ville dort et que même le chat oublie de bouger, une petite voix dans ma tête.
J'ai peur...

mercredi 7 mars 2007

Devant moi, le métro est bondé. Je me faufile entre les passagers, tentant tant bien que mal de n'en accrocher aucun. Au fond du wagon, un vieil homme tente de faire entrer un journal dans le sac qu'il a posé sur le banc de libre, à coté de lui.
-Un instant mademoiselle, je vous laisse le banc.
Je souris, fais signe que ce n'est pas grave. L'homme se dépêche, reprend son sac. Je lui dis merci, m'assois. Les stations passent, filent. À la mienne, lorsque les portes s'ouvrent, je me retourne pour lui souhaiter une belle fin de journée.
- Bonne soirée à vous aussi, mademoiselle.
Et c'est drôle, ça sonnait comme une bénédiction...

mardi 6 mars 2007

Dans le froid terrifiant, je suis sortie pour lui faire une surprise.
Du coin de la rue, j'ai posé des flèches sur le sol. Des bleues, des jaunes et des vertes que j'ai fait tenir avec des briques, du ruban adhésif, des bacs à recyclage. Des flèches jusqu'au balcon de mon voisin consentant. Dans sa boite aux lettres, ma clé.
Des flèches jusqu'à mon balcon.
De l'autre côté de la porte, une affiche contre le mur.
Trouve-moi.
Je l'ai entendu retirer son manteau, pester contre le froid frigorifiant, m'appeler. Dans le placard, je n'ai rien dit.
Des flèches encore, de l'entrée jusqu'au fond de la cuisine, menant jusqu'à un vase. Vide. En haut, une autre affiche.
Tu ne m'as pas encore trouvée?
Je l'ai entendu me chercher dans la salle de bain, dans le lit, dans mon garde-robe. Mais le chat s'est tanné de nos jeux d'adolescents et il m'a vendue, se jetant contre la porte de mon placard.
Je t'ai trouvé !
Quand il a ouvert la porte, je lui tendais les trois branches de bambous qu'il me demandait depuis des mois.
Un, deux, toi.

lundi 5 mars 2007

Dans la maison bleue, les escaliers forment une suite de marches entrecoupée d'espaces vides. Il est tard, il y a longtemps que je devrais être au lit. Sur mon ventre, je serre mon petit lapin en peluche. Chut, on ne devrait pas être ici. De l'autre côté de la fenêtre créée par les marches, ils s'embrassent. Je ne sais pas trop pourquoi, mais confusément j'ai l'impression que ça ne va pas. Que l'image n'est pas bonne. Que la femme ne devrait pas être là. Je remonte les marches. Sur la pointe des pieds. Je retourne dans mon lit. Dans cette chambre qui me fait si peur à cause de la trappe dans le plafond. Doucement, j'enfonce mes ongles dans mes paumes et, quand la douleur est assez forte, je commence à pleurer.

samedi 3 mars 2007

J'ai appelé ma mère de la gare, empêtrée dans mes bagages, frigorifiée sur le quai extérieur.
J'ai dit:
Je pars.

Il y a eu un silence. Dans ma tête, j'ai refait le pour et le contre, j'ai de nouveau balancé la liste des négatifs derrière mon dos et j'ai poursuivi:
Je te promets que je vais revenir.

Au bout du téléphone, je l'ai serrée dans mes bras comme je pouvais. Je n'avais aue cela à lui offrir, une vérité un peu flou, sans date fixe. Le bruit s'est amplifié à ma gauche, je lui ai murmuré que je l'aimais, j'ai raccroché et j'ai pris une grande inspiration.
Dans ma tête, j'ai soufflé:
Attends-moi, j'arrive.

jeudi 1 mars 2007

On s'est retrouvés à l'endroit habituel. Il y avait longtemps. J'avais oublié qu'il mettait toujours un temps fou à arriver. J'ai attendu à l'abri d'une bouche d'air chaud et ça a prit une éternité et demi je crois avant que je l'aperçoive traverser la rue. J'ai poussé la porte pour le rejoindre et nous avons éviter de nous faire la bise pour ne pas risquer de se tromper.

On a remonté la rue Saint-Denis vers notre restaurant préféré mais on s'est arrêtés en chemin, dans un nouveau vietnamien. Changer d'habitudes. On n'avait encore presque rien dit si ce n'est des banalités, on s'apprivoisait avec la distance.

Après avoir commenté la carte et la décoration, il a bien fallu combler le silence avec autre chose que nos conneries. On a parlé de l'autre, Mon Copain. Ma déclaration n'était donc pas passé inaperçue. Il me la renvoyait en pleine figure, voulait avoir des détails. Sitôt que je parlais, il disséquait cet autre qui m'avait pris entre temps. Entre lui et moi. Du temps.

Il a dit:
- Ça veut dire que je dois me trouver une autre promise.
Je n'ai pas compris.
- Rappelle-toi, on a fait comme dans ton film de filles préféré. On s'est promis que si j'atteignais trente ans sans trouver une femme, on se mariait.

J'ai fait dévier le sujet. Vers sa vie à lui, ses conquêtes. Nombreuses. Il m'a raconté des détails croustillants, m'a fait rire avec son cynisme. Le temps à filé. En sortant du restaurant, on a évité le cinéma pour ne pas se retrouver l'un à côté dans le noir. Il m'a reconduit.

Devant ma porte, on a eu un moment d'hésitation. Et puis tant pis, on s'est fait la bise, le temps de partager nos odeurs. Et surprise... On ne s'es pas trompé. Il n'y a eu ni papillons, ni baisers volés. Quand j'ai claqué la portière, nous avions enfin trouvé. L'amitié ou presque.
Des effluves de printemps.
Dans mon quartier il y a des étudiants qui s'assoient en plein soleil sur leur balcon vêtus de leur manteau d'hiver pour étudier. Dans mon métro il y a de très vieilles femmes qui sortent leur chapeau à plumes pour émoustiller les plus jeunes. Dans mon appartement il y a une colocataire qui pensent déjà à ce qu'elle fera bientôt pousser sur son balcon. Dans ma future vieille bagnole il y a un tournesol accroché au rétroviseur.

Quoi, une tempête prévue pour demain? Ouf, moi qui vient de retrouver mes pantalons de neige perdus au fond d'un carton...

lundi 26 février 2007

Il est arrivé sans bruit et il s'est glissé dans la foule des invités. J'étais au bar, profitant d'un moment de répit. Il m'a tapé sur l'épaule. Quand je me suis retournée, tout son être m'a percuté. Lui.
" Je voulais te faire une surprise."
On a presque rien dit. Il a fait le tour pendant que je me suis libérée de ma conversation. J'ai foncé vers le vestiaire, pris le premier veston qui m'est tombé sous la main et je l'ai rejoint sous un dessin.
" Dehors, c'est mieux."
Je ne voulais personne autour de nous quand les trois mois de silence s'évanouiraient. Nous avons dit des banalités alors que je tremblais de froid. Il a offert de me prêter son manteau mais j'ai refusé de me retrouver de nouveau dans ses choses. Le temps passe. J'ai dit:
"Tu m'as manqué, idiot."
Il m'a serré dans ses bras et j'ai fermé les yeux, envahie par son odeur si particulière, si familière, si enivrante. Je me suis lentement reculée, j'ai repris mon équilibre. Derrière la vitre, l'autre me saluait.
"C'est qui?"
Je l'ai dit, haut et fort. Mon copain. Comme si les mots avaient la force de le faire reculer. Il a sourit, m'a dit qu'il devait être inquiet. On a continué à dire des stupidités qui voulaient dire autres choses et puis lentement je me suis mise à trembler de plus en plus fort et j'ai décidé de rentrer.
"Tu ne viens pas?"
Il a secoué la tête. Ce n'était pas sa place et j'étais d'accord, mais l'instant avait été trop court. Nous avons pris rendez-vous pour souper, le lendemain. J'ai poussé la porte. À l'intérieur, personne n'avait senti le tremblement de terre. Du fond de la salle, mon copain m'a sourit et m'a soufflé un baiser. J'ai murmuré:
"Je t'aime."
J'ai lancé l'invitation comme ça, sans fioritures.
"Venez voir un peu ce qui se trame dans ma tête".
J'ai baptisé l'expérience fragments d'imaginaire et j'ai passé quelques mois en attente du jour fatidique.
Et puis, tranquillement, c'est arrivé.
Hier.
Je me réveille ce matin en me disant que cette journée est à rouler en petite boule pour la mettre dans la boite des moments de bonheur.

jeudi 22 février 2007

Dans tes silences, mes sens chuchotés qui se recroquevillent de peur de prendre trop de place.

mercredi 21 février 2007

En vieillissant, les petites imperfections me dérangent moins.
Par exemple, je ne jette plus une feuille sur laquelle j'ai déjà écrit une demi-page pour la simple raison qu'elle est froissée dans le coin droit.

Je n'ai pas encore décidé si c'est parce que je deviens moins obsessive ou si c'est parce que ma conscience écologique s'énerve.

mardi 20 février 2007

Je suis dans le salon de la maison bleue, assise sur le sol devant l'immense fenêtre qui couvre deux étages. J'entends des voix mais je ne sais pas qui. Des voix-femmes et des voix-hommes qui s'entrechoquent et qui se baisent. Mes mains sont petites, comme si elles n'avaient pas encore grandi. Ou oublié. Le reste du corps je ne sais pas, je ne veux pas voir. De l'autre côté de la vitre, trois petites filles me font des grimaces. Elles ont toutes des robes rouges.

Je ferme les yeux.
Au Mexique, il y a des Haciendas et des Mariachis.
Moi j'ai un puit de lumière couvert de neige, une porte d'entrée qui gèle de l'intérieur, des champignons qui poussent sournoisement sous la céramique de la salle de bain.

lundi 19 février 2007

Parfois, j'en veux à mes pieds de leur manque de mémoire. J'ai l'impression qu'en hiver ils m'abandonnent, délaissant les rues inconnues pour des repères plus sécuritaires.

Matin.
14 marches pour se retrouver sur la rues. 38 pas jusqu'au métro, on pousse la porte, ouf, chaleur. Un escalier, deux escaliers. Huit stations jusqu'à Berri. On sort, un escalier. Le mardi, il faut prendre le long corridor, affronter de nouveau le dehors. Le pavillon est loin. Dix étages à grimper sans perdre le souffle. Ouf, chaleur.
Et puis sens inverse, exactement.

Il est où le parc?
Je ne sais plus. Attends le printemps...

samedi 17 février 2007

"Combien d'étoiles,
Pour un trou noir..."

J'ai dit:
Dans le nous, des risques et des probabilités infinies de se blesser, de dire un jour un mot de trop et de mourir. Je te l'ai murmuré l'autre nuit alors que tu dormais, mais je ne peux que le redire encore. J'ai peur de souffrir.

jeudi 15 février 2007

Ma ville est blanche-neige.
Par jour de grands vents je marche à contre-sens pour ne pas voir le regard des gens sur ma nudité.

mercredi 14 février 2007

Une carte dans ma boîte aux lettres. Une fille en talons terriblement hauts qui se bat contre une rafale de vent. Un kiosque qui offre des promesses de bonheur en forme de fleurs. Des hommes qui se débattent avec leur malette et leur bouquet dans le métro.

Et le sourire, le sourire magique de ma soeur lorsqu'elle a compris que le rendez-vous qui l'attendait à la réception c'était moi, surmontée de mon horrible tuque multicolore.

mardi 13 février 2007

Je lui ai dit:
Qu'est ce que la fuite sinon la peur? Les gens ont peur de toutes sortes de choses. Moi, j'ai peur des gens. Peur qu'ils existent, qu'ils me regardent, qu'ils s'attachent, qu'ils m'attachent, qu'ils me désirent, qu'ils me dévorent.
Mais surtout, j'ai peur qu'ils n'existent pas, qu'ils ne me regardent pas, qu'ils ne s'attachent pas, qu'ils me rejettent.
Alors je fuis d'abord. Je rejette avant. Je fais l'action au lieu de la subir. Je me force à avoir mal un peu au lieu de souffrir beaucoup. Et ce n'est ni mal ni bien parce que c'est le seul moyen efficace de survie que je connaisse et que la survie, ce n'est pas un jeu d'enfants.

Il m'a répondu:
Tu es égoiste.

Je l'ai giflé.

samedi 10 février 2007

Quelque part au milieu du balcon du National, du Dumas plein les oreilles.

Quoi? Tu as dis quelque chose?

mercredi 7 février 2007

Souvent,
quand je rencontre des gens nouveaux, seuls ou en groupe, je perds l'usage de la parole.
Ils sont devant moi, prêts à me laisser la chance de les ébouir et... Non, rien. Les idées jouent à cache-cache, je me contente de sourire, de détourner la tête, d'avoir l'air de trouver le temps long alors que je cherche maladroitement sous les couches de timidité la phrase qui les retiendrait un peu. Quelques minutes, quelques heures, quelques rencontres. Pour que j'aie le temps de les apprivoiser, de me laisser approcher, de lentement glisser les mots le long d'un fil de soie et de créer un petit quelque chose de spécial, entre eux et moi.
Mais la vie passe vite. Les gens pressés ne font pas don de leur temps et les mots se gardent plutôt pour ceux qui savent, qui ont osé jadis et qui aujourd'hui partagent un petit quelque chose de spécial...

lundi 5 février 2007

Je l'ai averti:
Ne laisse rien chez moi et je ferai pareil chez toi. Ne mélangeons pas nos espaces. Si on se mélange on peut se perdre et ça finit toujours mal quand je dois aller laisser sur le balcon de l'autre sa brosse à dent dans un sac en plastique.

Il n'a rien dit et, pendant un moment, il repartait avec toutes ses choses.

Et puis sans que je m'en rende compte au début, il y a eu des oublis. Une odeur sur l'oreiller, une trace de bottes dans le vestibule, un sourire sur le miroir de la salle de bain.

Un soir il est rentré et j'avais déposé son savon et son shampoing dans sa deuxième paire de soulier sur le balcon. Devant son air ahuri, j'ai expliqué que je me sentais envahie.

Il n'a rien dit et, pendant un moment, il repartait de nouveau avec toutes ses choses.

Et puis boum, je me réveille un lundi matin et il y a quelques de ses bd dans ma bibliothèque, sa brosse à dent sur le haut de mon armoire, son mailhot de bain sur mon sèche-linge.

Le pire, c'est que je me sens de moins en moins envahie. Décidement, je ramolli.

dimanche 4 février 2007

Dimanche soir. J'ai le front qui bouillonne et le corps secoué de frissons. Sur l'écran, des hommes trempés qui luttent pour un trophée. Il a fait la cuisine et m'a recouverte d'une immense couette sous laquelle mon rhume disparait, oublié.
Ce ne sera pas la fête comme prévu, mais je ne suis pas sûre de regretter.

jeudi 1 février 2007

Et dans la pénombre, alors que mes mains glissent sur sa peau nue, quelques cicatrices.
Des souvenirs de l'enfance passée, des secrets tus dans l'air mais ineffaçables. Je les regarde, les apprends, les mémorise.
Je poserai les questions plus tard.

mercredi 31 janvier 2007

Un cri qui s'étend dans mes membres et se cambre quand je me recroqueville. Autour de mon corps ramassé sur le sol, la marée monte au rythme des silences. Moi aussi je voudrais être large comme le désert...

lundi 29 janvier 2007

Nous avons pris une heure et demi pour faire un chemin de dominos de la chambre à la cuisine. À la fin, il devait bien y avoir mille petits blocs rouges alignés les uns à la suite des autres à distance égale. Un travail de moine.

J'ai dit:
Quand je pousse le premier, s'ils tombent tous c'est que nous allons nous marier.

Il a hoché la tête. J'ai pris une grande inspiration et j'ai donné la petite poussée qui allait décider de notre avenir.

Pendant que ceux des cercles de la chambre tombaient, il a dit:
Es-tu certaine que c'est une bonne idée?

La chute s'est poursuivie dans le corridor, puis dans le salon où l'un des dominos a failli résister. J'ai fait une prière minute, le bloc rouge est tombé et la course a continué. J'ai dit:
Tu vois, ce n'est pas vraiment aléatoire.

Nous avions oublié le chat. Dans la cuisine, alors que nous approchions des voeux d'éternité, le chat a sauté du frigo au plancher et a balayé de sa pattes les derniers dominos avant qu'ils ne se couchent d'eux-mêmes, voulant lui aussi participer au jeu.

Il s'est retourné vers moi et il a dit:
Tu crois que ça veut dire que je dois épouser le chat?

samedi 27 janvier 2007

Entre nous, des mots.
Des petits et des grands, des fraichement sortis du dictionnaire et d'autres, longtemps mastiqués.
Entre nous, des mots qui ont peur.
Ceux que je n'ai pas dit et qui grugent lentement la tour qu'on essaie tant bien que mal de construire. Ceux qu'il ne dit pas de peur que nos étages communs s'effondrent.
Entre nous, des peurs sans mots.
Des moments qu'on a laissé filer l'un et l'autre pour ne pas les gâcher et qui reviennent nous hanter au détour d'une fenêtre qu'on oublie de poser ou d'une porte qu'on a laissé ouverte.

vendredi 26 janvier 2007

J'ai mis quelques temps à barricader la porte avec soin et puis j'ai débranché le téléphone.
J'ai choisi avec soin quelques bouquins, quelques coussins, quelques couvertures.
J'ai fait chauffer Edgar la bouilloire et j'ai préparé le dessous de la table qui est maintenant rendue dans le boudoir. La table bleue, celle du mariage de ma grand-mère, celle dont mon grand-père craint les oreilles. Le chat n'a pas trop compris. J'ai rit beaucoup, toute seule.
Demain matin, au réveil, l'appartement sera encore là.

mardi 23 janvier 2007

Là, derrière les gens qui se pressent et s'encastrent dans les métros pour être bien surs d'arriver chez eux le plus rapidement possible, moi.

Grand manteau blanc qui me déforme sur le dos, je hurle silencieusement la musique dans mes oreilles. Ces corps qui me tassent sur les vitres ne me dérangent presque plus tellement je suis rendue loin. Perdue. Au détour d'une station, je change de voisins et d'odeurs puis mes yeux se fixent et cillent parce qu'il y a. La surprise est immédiate, ma bouche reste ouverte sur quelques mots de Vallières qui s'oublient.

"Et malgré tous les remords
Malgré les détours bizarres
Je garderai ton sourire quequ'part
Ça sert plus à rien de se voir"

Les entends-tu toi aussi?
Parfois, au détour d'une rue ou d'un nouveau visage,
des noms qui me reviennent en mémoire. Des initiales accrochées à des souvenirs.

Et parfois je me demande pourquoi je les ai laissé filer. Qu'est ce qui a fait que sur le coup, je n'ai pas tout mis en oeuvre pour garder près de moi ces univers éclatés...

lundi 22 janvier 2007

Des mots comme des mines.
Dans la maison face à la rivière il y a eu de la complicité à fleur de peau.
Et puis dimanche, le retour.
Un regard qui dure des milliards de secondes. Il a dit:
Un jour, je ne ferai pas attention et je vais le dire.
J'ai gardé le silence mais mon sourire disait qu'un jour peut-être que mes oreilles n'auraient plus peur.

jeudi 18 janvier 2007

J'ai acheté un bloc de post-it muticolore.

Jes vais en mettre partout.
Le long du corridor avec le nom des jours de la semaine pour pouvoir les arracher, les biffer, les rayer, les donner à manger au chat.
Sur le réfrigérateur, pour se souvenir de ne pas oublier de...
Sous l'oreiller, pour y écrire des rêves à faire et à devenir, y noter les idées folles qui me passent par la tête la nuit et que j'ai oublié au matin.
Dans l'agenda, pour cacher les dessins qui cachent les responsabilités.

Sur mon ventre.

mardi 16 janvier 2007

Dans le noir, nous avons dit:
Le couple, c'est hors de question.
Faisons un duo.
Je serai violoncelliste et toi joueur de piano. Nous créerons des harmonies sans bruits lorsque les murs auront des oreilles et nous ferons tintamarre en privée.

Au matin, je lui ai murmuré à l'oreille:
Va rejoindre ta clarinettiste...

lundi 15 janvier 2007

Z.

Nous avons parlé de mon déménagement prochain, de son changement de carrière, de sa fuite possible du vieux continent, d'une éventuelle visite, de la proximité.

Il a dit:
Tu n'aimes pas être près de moi?

J'ai dit:
Je ne sais pas, il y a trop longtemps.

Il y a eu un silence qui s'est étiré. Il voulait me faire sentir que ma phrase avait été un reproche alors que c'était la sienne qui n'était que pure provocation

Il a dit:
Tu as raison, il y a trop longtemps, je ne sais plus non plus.

Comme si l'empreinte de nos souvenirs n'était pas indélébile sur le corps de l'autre.

Nous n'avons presque plus rien dit, laissant les mille suppositions dans les airs. Dans mes bras à moi, un autre homme.

dimanche 14 janvier 2007

Se créer un espace bien à soi dans un dimanche pour deux. Plein soleil sur Montréal. Le vent froid embrase mes joues qui rosissent. Un bras contre le mien, un pas de deux dans un silence pour un.

vendredi 12 janvier 2007

Dans l'escalier de la biliothèque, je me bute aux lèvres d'un homme aveugle qui murmurent mille choses délicieuses. Dans mon sac, qu'un ventre vide que l'on ne nourrira pas puisqu'il faut faire passer l'obligatoire avant le plaisir. Pourquoi les portes tournantes s'ouvrent-elles seulement dans le sens de l'horloge?

jeudi 11 janvier 2007

Quelques mots posés comme flocons sur le sol.
Un bambin endormi au creux des bras et une folle envie de petites filles en pain d'épices.
Si seulement je pouvais dormir sur l'armoire...

Histoire du quotidien

Ça y est. Je me suis de nouveau battue avec l'art culinaire.
Deux fois en deux jours, j'ai mangé la poussière.
Hier soir j'ai faire cuire une quiche (préfaite la quiche, je n'ai pas le niveau nécessaire pour m'y essayer). Elle semblait parfaite. Un miracle que je ne l'aie pas fait brûler comme j'ai l'habitude de faire avec tout ce que je prépare. Ça allait être un délice.
J'ai mis les mitaines, ouvert le four, pris la quiche et...
Je l'ai renversée.
Une belle quiche étalée à l'envers dans le fond d'un four noir et sale. Après avoir tout nettoyé, j'ai mangé de la salade.

Ce matin, en retard comme d'habitude, j'ai eu l'idée de me faire des oeufs à la coque pour mon diner. Entre la douche, la préparation du sac et l'impression des notes de cours j'ai donc mis deux oeufs dans le l'eau bouillie et j'ai attendu patiemment, longtemps. Il faut dire que je suis persuadée que l'appartement est sous le coup d'un mauvais sort, les oeufs à la coque sortent toujours le jeune pas cuit. Donc, j'ai attendu. Suffisament longtemps pour que quand je les sorte, la coque soit roussi. J'avais envie de me casser la tête sur le comptoir. Comment avais-je pu faire brûler des oeufs à la coque?
J'ai quand même décidé de les ouvrir, au cas. Miracle. Ils étaient parfaits. Deux oeufs à la coque parfaits! Je jubilais quand j'ai retiré la petite planche de derrière la grande et que je me suis retournée pour saisir le couteau. Une seconde de trop ce mouvement. Parce que la grande planche a eu le temps de perdre l'équilibre et de s'effondrer sur le bloc à ustensiles qui lui s'est effondré sur... mes oeufs.
Des oeufs à la coque partout. Dans l'évier, sur le comptoir, sur le sol. Des oeufs explosés.
Je le jure, j'ai presque pleuré.

Et ce soir, qu'est ce que je mange? N'importe quoi, tant que ce n'est pas moi qui le prépare!

mercredi 10 janvier 2007

Je l'ai cherché partout.
Dans les armoires, sous l'oreiller, dans mon sac, sous mes cahiers.
Rien.
Ni mots, ni personnages, ni images, ni valises.
Je me tais donc.

mardi 9 janvier 2007

Nous avons dit: Les mots sont terrifiants.
Alors plutôt que de parler, nous nous sommes décrits à l'aide de nos mains et de nos corps entiers tout ce qui se passait dans notre ventre. Il y a eu une étreinte sans pardon, des rires avoués, des bousculades pour un rien.
Nous avons dit: Demain n'existe pas.
Alors plutôt que de dormir, nous avons étiré aujourd'hui sous les couettes en autant d'heures que nous le voulions. Il y a eu des confidences muettes et d'autres criées, il y a eu des cartes à jouer et des cartes de tarots vivement retournées.
Nous avons dit: Veux-tu?

lundi 8 janvier 2007

Parfois, quand deux personnes qui créent constamment des barrières autour de leur tête et de leur coeur se rencontrent, ça donne de sympathiques labyrinthes...

vendredi 5 janvier 2007

Le chat ne reconnait pas son nom.
Je fais avec lui la même chose qu'avec tous les gens de mon entourage. Je donne des surnoms, je trouve des moyens physiques d'attirer l'attention, je pointe, mais le nom...
Rarement.
J'ai peur des noms.
Alors quand le chat a découvert qu'il pouvait grimper sur le haut du réfrigérateur et ensuite sur le haut des armoires, il n'a pas compris tout de suite quand je me suis mise à crier:
Parenthèse, Parenthèse! Non! Descends de la tout de suite sale bestiole!
Il m'a regardé, s'est étiré et s'est installé bien confortablement entre la soupière de ma grand-mère et les coupes de ma tantine.
Ce tigre est un chat rebelle.

jeudi 4 janvier 2007

Ça faisait plusieurs fois qu'il le demandait.
Nous deux, ça rime à quoi? Quel est notre but?
Moi, je haussais les épaules, je changeais de sujet. Pourquoi faudrait-il un but à une amitié?
On se téléphonait plusieurs fois par semaine, moi de jour et lui de nuit simplement pour me faire enrager. Je lui laissais la poésie des autres sur son répondeur, il me laissait de la musique sur le mien. Parfois, nos voix se croisaient.
Qu'est ce que tu fais ce soir?
On pourrait aller prendre une bière.
Face à face, il y avait souvent des silences, des regards, des mensonges. Je ne lui disais pas tout parce qu'il a le jugement facile et il secouait la tête en silence quand mes questions devenaient trop personnelles.
Je me souviens, il y a 5 ans, quand nous nous sommes rencontrés, il m'avait dit que nous finirions par nous marier. Ça ne voulait rien dire, mais c'était un spectre de trop, peut-être. Quand il me disait encore
Nous deux, ça rime à quoi? C'est quoi notre but?
Moi, j'avais ce mariage dans la tête et je me disais que c'était ridicule puisque nous n'avions jamais que dormi lorsque nous étions allongés côte à côte et qu'il sent beaucoup trop le savon pour que je m'accroche à lui.
Dernièrement je me suis mise à fréquenter son bar préféré. Parfois il venait, parfois pas. Quand j'arrivais après lui, j'allais le rejoindre à son bout de bar le temps d'une bière, de se raconter la semaine. Quand j'arrivais avant lui, il y avait indéniablement quelqu'un à côté de moi quand il mettait les pieds sur la piste de danse. Il secouait la tête, me demandait avec quelle phrase je m'étais fait approchée.
Décembre, il a laissé un message.
Rapelle-moi.
Allo?
Je t'ai appelé pour te dire que je ne veux plus jamais te voir ni te parler ni savoir ce que tu deviens.
Habituellement, c'est moi qui fait ces grandes sorties et qui revient au bout de six mois. Je n'ai rien dit, j'ai tranquillement déposé le téléphone sur son socle. D'Accord.

Cette nuit, dans un moment de panique terrifiante, mes doigts ont composé son numéro que je sais toujours par coeur. J'ai raccroché avant la première sonnerie.

mardi 2 janvier 2007

Résolution

Le mot "Résolution" fait partie de ceux que je tente d'éloigner de ma bouche. Il est joli au son, mais horriblement difficile à contenir. Si j'en prends une, dix autres me viennent à l'esprit et, au final, je n'arrive à en tenir aucune. Depuis quelques années j'ai cessé de vouloir mettre des barrières à l'année à venir et, le trente et un au soir, je ne murmure plus qu'un seul mot en pensant au futur. Un souhait lancé dans les airs en espérant qu'il s'accroche à la réalité.
Un an que je pose des mots comme les morceaux d'un casse-tête sans fin.
Quand j'étais petite j'avais une peur bleue de mon oncle Gaston. Chaque fois que je passais près de lui, il se tournait les coins de la moustache et menaçait de me changer en crapaud. Je longeais les murs quand j'entendais sa grosse voix éclater dans l'espace et j'espérais qu'il ne mette pas ses menaces à exécutions. Parce qu'un crapaud, je trouvais ça très laid.
Aujourd'hui, j'ai valsé avec mon oncle Gaston. Sans avoir peur de sa grosse voix et sans qu'il ne me menace de me transformer en crapaud. Peut-être qu'après tout j'ai grandi...

mercredi 27 décembre 2006

On m'a dit qu'il fallait que je calme mes peurs enfantines.
J'ai donc choisi d'adopter un monstre et je lui ai offert un lit afin qu'il ne se cache pas sous le mien.

samedi 23 décembre 2006

Parfois, il fait noir et la musique joue à tue-tête.
Parfois, j'ai envie d'être ailleurs, dans mon coin de paradis, sous d'autres nuages, dans d'autres bras.
Parfois, le temps coule si lentement qu'il s'entend...

"J'voudrais être large comme le désert...
J'voudrais couler, j'voudrais, j'voudrais couler, j'voudrais couler comme une rivière..."

Et puis comme ça, sans avertir, Bang! le Bonheur.

mardi 19 décembre 2006

"I don't want a lot for Christmas
There's just one thing I need
I don't care about the presents
Underneath the Christmas tree
I juste want you for my own
More than you could ever know
Make my wish come true
All I want for Christmas is...
You"

dimanche 17 décembre 2006

Samedi. Moi, heureuse comme une gamine, roulant vers le nord. Il n'y avait que moi et la liberté, que la musique plein mes oreilles. L'heure de départ ou la destination n'avait que peu d'importance alors. Seul comptait le chemin à parcourir.

samedi 16 décembre 2006

Service spécial sur la ligne orange, vers 18 heures, un bordel total, des autobus plein de gens et tout à coup, un siège juste devant moi qui se libère. Je viens pour m'y asseoir quand un vieil (Mais alors là, très vieil) homme monte dans l'autobus. Je lui désigne le banc, mais il secoue la tête.
- Vous savez Mademoiselle, à mon âge quand je m'assois je ne sais jamais si je vais réussir à me relever.
J'ai rit. J'ai rit terriblement fort et terriblement longtemps. Soudainement, je m'en foutais d'être trempée, d'être en retard, d'être fatiguée. Basta.
- Il y en a des choses entre les courants d'air dans ma tête...
Je lui ai sourit et pendant vingt minutes nous avons fait chemin côte à côte, moi assise et lui debout. Pour les autres, je devais avoir l'air d'être terriblement égoiste et mal élevée. Mais tant pis.
Quand il est sorti, nous avons échangés un autre sourire.
Je le jure, il avait des ailes dans le dos...
Vers une heure en plein centre-ville, un orage. Des éclairs pleins le ciel, des gens qui se cachent sous les porches, des rafales de pluie. Et un homme à côté de moi qui me dit:

Ce serait si beau si c'était de la neige...

Et pouf. J'étais amoureuse. Au même moment, la même pensée. Oui, tout aurait été congestionné, on aurait pesté contre la tempête, les automobilistes auraient pleuré de rage, mais ça aurait été si beau, un 15 décembre, une tempête de neige sur Montréal...

mercredi 13 décembre 2006

Sur la rue, de plus en plus de lumières qui scintillent. De ma poche, je sors tous les sous noirs que j'y amasse au fil des crayons achetés et je les laisse s'échapper l'un après l'autre de mes doigts transis. Un voeu ici, un autre là.
Ce n'est pas un chemin pour le retour, c'est de l'espoir pour demain...

dimanche 10 décembre 2006

Ma mère et moi avons deux façons très différentes d'écouter les histoires. Ma mère pose des questions, sans cesse. Elle craint toujours de ne pas avoir tout saisi, demande de répéter. Moi, je me perds dans les mots, certains me manquent et je m'en fous. J'écoute et parfois il manque des bouts à l'histoire qu'on me raconte, mais je trouve que ça donne du charme.

Aujourd'hui, ma soeur à l'aéroport. Qui nous raconte, qui nous raconte... Et ma mère qui pose des questions et moi qui hoche de la tête. Ah oui? Intéressant...

dimanche 3 décembre 2006

" ... trajectoires divergentes... le doute, la tristesse et la vie et nous deux perdus dans le cosmos..."

Hochelaga par un dimanche matin. Des rues déjà visitées par d'autres saisons, dans d'autres bras. Comme si le présent ne pouvait faire autrement que de se tisser avec le passé. Ne reste-t-il pas de coin de ville qui n'est pas empli de bouts de relation?

"... je dors sur les ruines du futur..."

Chut, la neige...

jeudi 30 novembre 2006

Il m'a fallu quarante minutes pour partir de chez moi et atterir en plein Dublin, mardi soir. Il a suffit de descendre quelques marches et de pousser une porte pour gober les six milles et quelques kilomètres qui me sépare de cette ville presque mythique dans mon imaginaire. De la Guiness, des trèfles à quatre feuilles, des voix anglaises, un chanteur en Kilt. Si ce n'avait été du téléviseur en coin qui montrait la partie de hockey, je me serais crue ailleurs...

dimanche 26 novembre 2006

Un blocage. Des mots plein la tête et pourtant rien qui ne sort. Des gens dans mon salon, des voix dans ma tête. Des pinceaux qui font des bavures alors que mes mains tremblent. Craqueter. Faire des craquements répétitifs.
Je craquetais dans ma tête avec l'intime conviction que je devais faire quelque chose. Après tout c'est dimanche. Je ne peux pas trainer mes fissures jusqu'au lundi.

J'ai mis une casquette sur ma tête et des gants dans mes mains. Je suis sortie courir.
Sur la rue Berri, il y a des gens qui ont installé leurs lumières de Noël.
C'est joli.

mercredi 22 novembre 2006

Quelques fois par semaine, quand l'envie m'en prend ou quand le vent le désire, je décroche le combiné, compose un numéro, attend un message de répondeur. Quand à la fin du message bizarre le petit son strident se fait entendre, je prends une grande respiration et je lis. Cette semaine, je lui ai lu du Jonathan Harnois, ce type que je ne connaissais même pas il y a une semaine et qui me chavire de ses mots qui glissent, qui bercent, qui claquent.

"Ce qu'Andelle est, c'est impossible à rejoindre. Les mots se suicident: ils ne se sentent pas dignes de l'évoquer. Ce qu'Andelle est, c'est impossible à rejoindre. Il faut la vivre quand elle ouvre les yeux le matin, déjà toute disposée à aimer, à aimer comme une femme, à aimer comme l'urgence, ou comme l'aveu, ou aimer comme un fantasme. Aimer sans arme, avec des mots et des chaleurs, avec des yeux sans âge."

mardi 21 novembre 2006

Ce soir, on m'invite au théâtre.
Le On qui m'invite a acheté les billets sans me prévenir, simplement parce que je lui ai déjà parlé, lors de notre première rencontre qui est tout de même récente, de mon amour de la République Tchèque et que, justement, une pièce tchèque est jouée présentement au théâtre Prospéro.
Ce soir, le célibat goûte le chocolat.

vendredi 17 novembre 2006

Vendredi soir. J'arpente le quai du métro avec des larmes qui roulent sur mes joues et de la musique plein la tête.

Je sors d'une projection de Babel.
Rien à dire de plus.

jeudi 16 novembre 2006

"J'y suis parvenue ainsi, en escaladant lentement, en m'accrochant aux brindilles qui poussent entre le bonheur et moi."

Emily Dickinson

Odeurs

Jeudi matin. En sortant du pavillon principal de l'université, sérieusement en retard et les yeux encore collé, le café oublié sur le comptoir de l'appartement situé beaucoup trop loin pour qu'un retour soit possible, une surprise.

Une journée d'automne parfaite. Un ciel juste assez gris pour qu'il ne mouille pas, une odeur céalée, étrange, de feu de camp entre les immeubles de la ville.

mardi 7 novembre 2006

Bonheur

Je me suis acheté un chapeau rose. Il est très rose et particulièrement doux. Quand je marche, je vois en permanence une bande rose dans le haut de mon chant de vision.

Ça me rend follement heureuse.

samedi 4 novembre 2006

Hier

J'ai fait du patinage artistique pendant huit ans. J'ai raccroché mes patins parce que je n'arrivais plus à atteindre les exigences de mes professeurs en ayant du plaisir. Parce que patiner était devenu une corvée, parce qu'il m'arrivait de pleurer le soir en rentrant devant mes pieds qui grandissaient et refusaient d'avoir la puissance nécessaire pour supporter mon corps en expansion dans des doubles et triples envolées et que, parfois, je me cachais des les vestiaires pour écouler mon temps de pratique.

Les trois années qui ont suivi, j'ai parfois pris mon sac en cachette, glissé mes pieds, même si trop grands, dans mes vieux patins et tenté quelques figures sur le lac gelé d'un terrain vague pas trop loin de chez moi. Jusqu'à ce que mes pieds n'entrent plus dans les bottines blanches.

Je suis allée patiner, hier. Je ressors de ces rencontres avec la glace toujours un peu heureuse, un peu mélancolique.

Je n'y peux rien, je suis incapable de ne pas penser aux longues années où mes patins pouvaient me permettre de conquérir un monde terrifiant d'arabesques, de pirouettes et de sauts. Maintenant, sur des patins loués trop mous ou trop durs, mes pieds ne se souviennent plus des mouvements à faire et j'ai l'impression qu'ils se jouent un peu de moi.

J'ai quand même eu beaucoup de plaisir. Juste de glisser, gants rayés rose et noir aux mains, foulard au cou, sur une surface blanche, ça me rend pleine d'un bonheur de petite fille. N. m'a fait rire, il a dédramatisé mes piètres exploits et il m'a même convaincue d'expérimenter la chute ( volontaire et sans réel danger) sans craindre de blesser ce dos qui depuis l'accident me donne mille et une frousse.

Je suis ressortie de la patinoire un peu plus légère, un peu moins frustrée de ma condition actuelle, en me promettant que cette fois, je ne passerais pas deux ans avant de remettre des lames sous mes pieds parce qu'après tout, le plaisir peut être tout simplement de jouer, sans être centré sur la perfomance comme on me l'a longtemps enseigné.

jeudi 2 novembre 2006

Jeudi

21h25. Je mets les pieds sur le trottoir, en sortant du travail. L'air est bon, la lune est jolie. Je passe à côté de ce petit bar, Honey Martin, et je me dis que j'aimerais habiter au-dessus pour venir y passer les jeudis soirs.
22h00. Je sors du métro, presque déjà chez moi. Je respire toujours aussi bien, je me dis que l'appartement sera silencieux, que Paranthèse sautera partout pour m'accueillir, que j'ai faim, finalement.
22h01. L'appartement est plein de lumière. V. et D. y sont, d'humeur joyeuse et fêtarde. Je suis accueillie par un chat un peu fou et par une bouteille de vin rouge à peine entamée. Un verre?
23h15. L'instant est passé. D. est retourné chez lui, V. s'est endormie et Parathèse s'est niché dans le creux de mon bras. Le moment a été court, mais parfait. On a rit beaucoup, on est revenu sur nos théories du bonheur esquissées mardi soir et on en est venu à la conclusion que là, maintenant, c'est du bonheur pur.

mardi 31 octobre 2006

Mardi

J'ai croisé un type aujourd'hui dans le métro qui lisait Je l'aimais d'Anna Gavalda. Je l'ai trouvé mignon de loin, mais quand j'ai reconnu, j'ai eu la folle envie de m'arrêter et de lui parler.

" Bonjour, je sais qu'on n'est pas censé parler aux gens dans le métro, mais je voulais juste te dire que j'ai trouvé ce livre excellent et que... enfin, j'espère qu'il te plaira. Qu'il te plait déjà. On pourrait prendre un aller simple pour le Mexique?"

Je suis passée tout droit, les lèvres scellées. Les mardis sont sages.

samedi 28 octobre 2006

Taxi

J'ai passé une bonne partie de la journée hier à me préparer mentalement à cette réunion ultra importante pour le travail, prévue à 15h30. J'avais préparé mes notes, choisi des vêtements appropriés (lire "me donnant de la crédibilité malgré mon absence de titre") et planifié une heure de départ.

J'ai oublié mes notes. Cinq minutes avant l'heure de départ prévu, mon nouveau mini-chat-presque-adorable a fait ses griffes sur mes bas collants ce qui m'a forcé à en trouver une autre paire avec un semblant d'allure. Je suis donc partie très juste sur mon horaire. Rendue au milieu de nulle part, le métro est tombé en panne et il a fallu cinq minutes avant qu'on entende un de ces si charmants messages; le service reprendra dans un temps indéterminé. Je suis donc sortie du wagon en courant sur mes talons ( ça aussi, ça ajoute à la crébilité) pour trouver un guichet et un taxi (parce que n'étant pas une habituée de taxi, je ne savais pas que je pouvais payer par carte dans le dit taxi...). Je n'avais aucune idée de où j'étais. La ligne orange, ça va, je me situe. La ligne verte, encore. Mais la ligne bleue? Et aucun taxi à l'horizon (J'ai aussi pensé en appeler un, mais j'étais certaine que j'allais en croiser un bientôt) pendant une bonne dizaine de minutes. Quand j'ai vu la petite annonce sur le toit d'une voiture, j'ai sauté dans les airs et je l'ai helé très comme-il-faut( Comment appliquer 7 saisons de théorie de Sex and the city). Ouf. Sauf que j'avais oublié le plus important. L'adresse.

" C'est...hum... près de Ste-Justine. Vous savez, l'hôpital pour enfants? Oui... Et hum... en face du HEC? Enfin, un peu avant... ou un peu après..."

Il a dit que ça prendrait dix minutes. On a tourné en rond dans un quartier plutôt chic (Westmount? Outremont? J'y connais rien moi...) et on a fini par atterir sur Côte-Ste-Catherine. Ouf. J'avais beau essayer de me calmer, je ne pensais qu'à la table de conférence et tous ces gens autour qui se demandaient où la petite "intervenante" pouvait bien être être passée pour faire attendre tous ces Dr. et Pr.

"-Avant ou après Ste-Justine?
-Aucune idée, moi je pensais que cette rue était sens unique.. (Quand j'ai dit perdue...) après je pense. Ou avant? Non, sûrement ap... là! C'est là!!!!!!!"

Le chauffeur a dû me prendre pour une folle. Il m'a servi une petite phrase bien-faite-toute-faite du genre: Rien ne sert de courir... et je lui ai laissé un type faramineux avant de m'élancer sur le trottoir pour rejoindre la bâtisse, tremblante sur mes talons (qu'est ce qui m'avait pris aussi) et la tête plutôt ébouriffée. La secrétaire a fait un petit sourire quand je lui ai dit que je venais pour la réunion et elle m'a indiqué le chemin de la salle de conférence. En remontant les marches j'ai replacé quelques mèches et vérifié l'état de mes bas collants. Correct. Quand j'ai poussé la porte, huit têtes ce sont tournées vers moi.

" Oh, bonjour Sophie, on n'a pas encore commencé..."

jeudi 19 octobre 2006

Jeudi

Mort. Ménage. Branle-bas-de-combat.

J'ai dit à mon massothérapeute lundi que la dernière semaine avait été assez difficile. Assez? Terrifiante. Et pas que pour la sonorité.

Mais nous sommes jeudi. Et tout semble revenir. Ouf.

J. a maintenant une place très définie de meilleur ami dans ma tête. Je vais aller dès la semaine prochaine me chercher une petite boule de poil. Je quitte pour le week-end me perdre dans le bois.

samedi 14 octobre 2006

Samedi

Je lui ai menti.
Je lui ai dit, ne t'en fais pas, c'est la routine, il n'y aura rien de grave et puis de toute façon, tu ne peux pas me faire ça, partir.
J'ai même utilisé l'argument massue. Ton rôle est d'attendre que quelqu'un d'autre vienne prendre la place du passager dans le lit. En attendant, temps gris ou gros soleil, tu restes.

Ça c'est passé en quelques minutes. Il y a eu la crise panique quand elle a vu la cage, le petit museau, bordel si rose ce même matin, devenu bleu juste le temps de se rendre à la clinique, et la grosse voix du spécialiste. Il n'y a rien à faire. Et elle était si sereine, si tranquille, quand il l'a rasé pour mieux voir la veine. Si pleine de vie quand sa tête est tombée, les yeux ouverts. On aurait dit qu'elle dormait.

Je lui ai menti parce que je suis revenue sans elle.
Mais juste avant, juste avant, je lui ai dit que je l'aimais tout plein, comme si elle pouvait me comprendre, parce qu'elle me comprend. Et que pour la place du passager, qu'elle y serait toujours.

Le chat de la sorcière n'est plus. La sorcière tourne en rond.

lundi 2 octobre 2006

Lundi

L'être humain est-il physiquement et mentalement capable de rester toujours sur la limite ?
Il me faut des cours de funambule.

dimanche 1 octobre 2006

J. Plus tard

J'ai basculé.

J.

J'ai peur de basculer.
Si j'ai peur de basculer, est ce que c'est déjà inévitable?
Si je bascule, je fais quoi?

mercredi 27 septembre 2006

Mercredi soir ou Récapitulation

J'ai revu P. samedi. Une année complète que nous avions passé à s'éviter soigneusement, lui pour ne pas tomber dans l'amour fou, moi pour ne pas le blesser. On m'avait dit qu'il n'y serait pas. On lui avait dit que je n'y serais pas. J'ai revu P. samedi. On ne s'était pas écrit depuis notre dernière chicane il y a quelques semaines. On s'est parlé. On s'est cherché tour à tour, on a fuit à tour de rôle. Il y avait cette flamme dans ses yeux qui me chavire, mais il y avait aussi beaucoup de vin dans mon sang. Juste assez pour que je lui offre mes lèvres. L'Instant d'une soirée, j'ai dit. Demain, on oublie.

A. lui a dit que je n'étais pas parfaite. Que j'étais même parfois très chiante. Il lui a dit qu'il le savait mais que... c'était comme ça. C'est plus fort que lui.

Il ne m'a pas embrassé. Il a hésité un peu trop longtemps et quand il est revenu, j'avais la tête dans les nuages et le coeur étendu sur le sol. Je lui ai écrit lundi pour lui assurer que j'avais tout fait avec ma tête, que l'alcool n'était pas responsable de l'offre du baiser. Il m'a répondu avec la plus belle lettre d'amour que je n'ai jamais reçu. La deuxième en fait, la deuxième plus belle lettre d'amour qu'il m'offre, la première remontant à cinq ans. On a longtemps rit de son obsession, lui et moi. Mais je crois que ça ne passera pas. Et malgré tout cet amour que j'ai pour lui, tout cet amour qui ne sera jamais assez comparé au sien, cet amour d'un autre siècle, cet amour d'écrivain tourmenté, ce ne sera jamais assez.

Il a dit à A. que c'était la pire soirée de sa vie. Elle lui a dit qu'il faudrait qu'il finisse par comprendre. Que je ne l'aimerai jamais. Il a dit que lorsqu'il ne me voyait pas pendant quelques mois, qu'il n'avait pas de mes nouvelles pendant quelques semaine, il parvenait à oublier un peu.

Je vais essayer de disparaitre.

mardi 19 septembre 2006

Mardi

Terrifiant et frigorifiée.
Simplement pour la sonorité.

vendredi 15 septembre 2006

Jeudi mi soir mi nuit

Il va peut-être y avoir exposition.
Panique à bord.
Je dois préparer mon portfolio, choisir ce que j'aimerais présenter, décider de prix et...
Je n'ai rien dit à personne. Même A. ne sait pas que j'ai franchit ce mince pas entre je le ferai et je fais.

T. ne me parle plus. Ses silences sont comme autant de ficelles jetées à la mer. Trois jours que je n'ai pas vu J.

dimanche 10 septembre 2006

Pachelbel et ses canons à pleine tête ou Dimanche soir

Seul le vent parle. Il dit qu'il est inutile de s'accrocher lorsque le moment passe. Que demain pourrait être meilleur comme il pourrait être pire, mais qu'il sera. Inéluctable.

Ma soeur est partie depuis longtemps. Je voudrais l'entendre rire contre mon oreille. L'oreille de mon frère est égoiste. Elle fait du je, me, moi et je ne sais pas la saisir. Je lui ai raconté des mensonges rose bonbon préparés tout exprès pour elle, mais elle s'indiffère. Elle me lasse. Mes mots restent. Ici.

Et sur le plancher de mon salon, le château de cartes s'effondre en silence.

jeudi 7 septembre 2006

Jeudi nuit

" J'ai des fins de scénarios
coincées dans mes artères
et je ne vois plus très, très haut
depuis que j'ai commencé à me taire

J'ai le coeur dans la tête
J'ai le coeur dans la tête
J'ai le coeur dans la tête
J'ai le coeur dans la tête

J'ai des vices cachés
j'ai des vices cachés
j'ai des vices cachés
et des pièces détachées..."

Moffatt plein la tête. La gorge silencieuse qui se mord l'intérieur. Tout est si fragile. Le moindre mot pourrait tout renverser. Je pourrais en mourir. Équilibre précaire. Et pourtant, si.

Si.

Je rêve de matins endormis, de corps emmêlés, de projets aléatoires, de bouchées infernales. Je rêve d'un salon en briques, d'une salle de bain en bambous, d'une petite fille aussi mignonne que celle.

Je ne dirai rien.
Promis.

lundi 4 septembre 2006

Lundi matin

Je t'ai encore raconté hier. Quand je te raconte, il y a une foule de petits détails qui se font un feu d'artifices dans ma tête. Je me souviens de ton odeur sur l'oreiller et de la sensation si particulière de ta bouche sur mon oreille. Je me rapelle Camille, la partie de billard, la route si longue vers nulle part, nos rires nocturnes, mes fuites, ta fenêtre, nos livres, ton rire. Il y avait longtemps que je ne t'avais pas raconté, mais dès que j'ai prononcé ton nom, tout m'est revenu. Te souviens-tu du quai lorsque je suis partie? Tu portais une chemise rayée verte et violet, tu étais superbe. Il y a eu ce baiser si chaste et puis celui si passionné et porteur du seul mot possible. Adieu. Et toi, il t'arrive de me raconter?

samedi 2 septembre 2006

Vendredi nuit

"Papapappappappappappappappadapada"

J'ai été au Musée. Je me suis mordue pour voir si je savais vivre. On a rit. On s'est posé plein de questions. Mon épaule s'encastre parfaitement dans la sienne. Pourquoi se contenter d'une journée presque parfaite? Scène de film alors que je l'aperçois, elle, au coin de la rue et que j'entraine J. dans l'autre direction. Mes dents imprimées dans mon avant-bras. Je vais acheter une tuque très laide à L. pour son anniversaire. Souvent, les films qui jouent sur l'écran alors que je joue dans la salle n'ont aucune importance. Je n'ai pas saigné.

"Oh Montréal
T'es tellement froide
Un ours polaire dans l'autobus
J'm'inspire du pire
Pour m'enrichir
Et je t'aime tellement que j'hallucine

pappappappapadapada"

dimanche 27 août 2006

Samedi soir ou ... La Perfection

Un samedi étrange.
L'après-midi passée à courir donner de l'aide à deux Français fraichement débarquée dans l'appartement de ta soeur qui s'est poussée sur le chemin de Compostelle.
La soirée avec deux options. Soit G. te fait des moules, soit J. t'amène au resto.
Après quelques tentatives (infructueuses) de rejoindre J., tu appelles G. qui te raconte qu'près avoir passée la journée à jouer au frisbee, il est fatigué et s'en allait justement faire une sieste. Bon, il y a des excuses meilleures, non? Tu lui dis que tu te sens abandonnée mais que tu devrais survivre. Tu essaies de nouveau de rejoindre J. Sans réponse. Merde.
18h12 Tu es convaincu que ta soirée sera un échec.
18h24 appel de J. Tu reprends espoir.
18h25 J. t'annonce qu'il est à moitié mort puisqu'il s'est couché à midi, qu'il va faire une sieste et te rapelle plus tard.
18h45 Tu te poses de sérieuses questions sur ton intérêt personnel. Tu sors papier et crayon et tu laisses aller ton imaginaire.
20h14 J. te rappelle pour te dire qu'il va dormir toute la soirée. Tu crayonnes toujours.
20h20 Tu te dis que tu pourrais toujours passer la soirée avec un inconnu.
20h32 Tu renonces à l'idée. Aucune envie de devoir alimenter une conversation sans substance durant une période indéterminée. Tu crayonnes encore.
21h12 Tu sors ( Jupe jeans ultracourte sur jupe légère violette assez longue. Camisole blanche. Chandail vert. Foulards (2) rouges. De teintes différentes.) dans le but de te louer un film.
21h34 Tu traumatises la fille du comptoir avec ton accoutrement. Tu lui sers ton plus beau sourire.
21h35 Tu danses dans la rue en revenant.
22h00 Tu mets le film, crayon à la main.
00h14 Tu as des ampoules sur le pouce et l'index. Les deux dessins devant toi te font sourire. Les femmes ont des cornes.

00h29 Tu te dis que ta soirée approchais finalement de la perfection. Il y a longtemps que tu n'as pas pris le temps de te retrouver seule sur un divan avec tes crayons. Suffisait d'un samedi soir...

mardi 22 août 2006

Lundi nuit

Insomnie facile. Sommeil entrecoupé qui se meuble, se pare de rêves un peu fou qui me laissent en sueur, au bord de l'Abime.

J'ai le corps qui lutte.

vendredi 18 août 2006

Jeudi soir

Un chat couché dans le couloir.

La soirée fut belle, comme les autres. J. est toujours aussi drôle, a toujours autant mauvais caractère et me fait toujours me sentir aussi bien. Il arrive des soirs comme celui-ci ou je me demande pourquoi on reste ainsi. Mais je sais bien que s'il fallait que ça devienne sérieux, notre jeu ne durerait pas. Les "mon coeur" et les "sweetie" me tomberaient bien vite sur les nerfs, ses envolées un peu fermées d'esprit me rendraient folle, et... Enfin. La soirée fut magnifique. Et je me considère vraiment très chanceuse de l'avoir comme ami, cet étrange personnage...

Beaucoup de gens disent vouloir vivre à fond leur vie, peu ont le courage de le faire...

dimanche 13 août 2006

Je les ai tous invités à souper. J'ai choisi le menu, je suis allée faire les courses, j'ai préparé la salade, j'ai mis la table, j'ai choisi ma robe et... J'ai pris la porte, n'ayant aucune envie de ce repas. Ils se sont butés à une porte close. Tant pis.

mercredi 9 août 2006

Mercredi soir

Du soleil plein la tête. Du sommeil plein les doigts. Des souvenirs qui gigotent dans ma tête, qui joue à cache-cache, qui se virent la tête à l'envers. Une tête qui se cacherait sous une table de cuisine.

lundi 7 août 2006

Samedi soir ou Idées de type B

Le copain de ta meilleure copine est parti faire communion avec la nature pour le week-end, elle s'est déclarée veuve de camping et a décidé qu'il fallait faire la fête. Tu amènes ton sac chez elle avec tous tes trucs, elle habite plus près du centre-ville, tu dormiras là.

Le souper est bien arrosé, vous échangez des potins, fumez des clopes et vous vous préparez ensemble dans la salle de bain comme il y a quelques années, quand vous sortiez ensemble à toutes les fins de semaine.

Quand vous arrivez dans le bar, vous riez en commandant les traditionnels trois shooters et, devant l'air scandalisé du type d'à côté à qui tu as offert d'utiliser son coup pour étaler le sel, tu lèves le coude avant de te sauver profiter de la terasse pour fumer de nouveau quelques clopes.

Au bout de quelques temps (deux ou trois cigarettes, tu ne les as pas respiré alors tu ne les as pas comptées) vous redescendez pour permettre à vos corps de s'exprimer sur une musique qui claque dans la pièce presque vide au départ et qui se remplie peu à peu. Vous étiez seules sur la piste et vous vous retrouvez un peu coincées entre les gens qui bougent.

Tu vas prendre une bouffée d'air au bar et, au type qui te regarde depuis un moment, tu demandes pourquoi il ne danse pas. La réponse vient en anglais.

Il se nomme Steve (Ou Steeve, tu n'as pas demandé et il n'a pas précisé) et au bout d'une heure tu as seulement compris qu'il est américain, qu'il est venu avec 4 potes, qu'il est très drôle, qu'il a des allures un peu punk, un peu rebelles, et qu'il embrasse bien. Tu penses que les shoots ont fait effet et tu te laisses couler dans la soirée.

Vers deux heures, quand les mecs offrent d'aller finir la soirée à leur hôtel, tu penses un court instant que c'est vraiment une idée de type B, mais devant A. qui les trouve aussi très sympathiques et qui t'assure qu'il n'y a pas de problèmes pour son couple, qu'elle restera sage et que tout ira bien, tu sautes.

Vous êtes sept et le taxi ne peut en embarquer que six. Tu ressors donc avec Steve et au moment ou la porte se referme sur A., tu penses que ça aussi, c'est une idée de type B. Mais le deuxième taxi arrive, tu y embarques et en quelques minutes tu retrouves ta copine dans une suite très "bordel de gars". Tu trouves que c'est finalement très drôle.

Alors que A. discute en anglais avec tout le monde, toi, ayant dépassée le stade de boisson ou tu comprends l'anglais pour atterir dans celui ou ça ressemble à du charabia, tu succombes aux yeux du New Yorkais et tu disparais avec lui dans une chambre le temps que ton esprit se taise et que ton corps s'apaise. Il a une copine chez lui, mais il est à Montréal. Tu dis avoir un copain aussi, mais il n'est pas là. L'Américain se révèle être un bon coup.

Vers cinq heures, tu t'endors sur le divan.

À dix heures, tu ouvres les yeux. Des draps blancs, des murs blancs, ou es-tu? Des ronflements. Tu n'es pas seule. En te retournant tu aperçois Steve a moitié nu par dessus le couvre-lit. Tu te tâtes, tu as encore ton haut et ta jupe. Ouf. Tu entends la voix d'A. provenant du salon au moment même ou tu prends conscience du martèlement dans ta tête.

Tu apparais dans l'embrasure, elle se redresse, toujours décemment vêtue. Tu lui indiques ton désir de partir, elle salue Ron avec qui elle était en grande conversation, te glisse deux Advils dans la main et sort avec toi.

En arrivant dans le hall, prenant conscience de ton habillement un peu osé pour un dimanche matin et du regard des touristes en attente d'une chambre ou d'un départ, tu te sens comme dans un film. De type B.

Vous revenez chez elle en discutant. Elle te raconte qu'elle s'est fait plein d'amis, qu'elle a parlé toute la nuit et qu'elle a d'ailleurs appris pourquoi ces cinq New Yorkais étaient de passage à Montréal. Tu hausse un sourcil, curieuse. C'est à ce moment que tu apprends que c'était l'enterrement de vie de garçon de Steve, qui se marie la semaine prochaine. Cheap. Tu jures que tu n'en savais rien. A. te dit qu'elle le sait bien, que c'est à lui de se sentir mal, pas à toi. N'empêche.

Quand A. glisse la clé dans la serrure, elle fait un drôle d'air. En ouvrant la porte, tu comprends. L. est sur le balcon, revenu plutôt de son périple rustique. Oups. Tu prends ton sac et tu t'en vas, préférant ne pas être là quand elle va lui expliquer le déroulement de la soirée. Elle a beau avoir seulement discuté toute la nuit, c'est difficile à croire. Surtout que tu trouves que la phrase " Ne panique pas, ça a l'air pire que c'est..", augure mal.

En sortant de l'immeuble, tu te dis que tout ça était vraiment une série d'idées de type B. Tu as une pensée pour une fiancée qui ne sait pas du tout ce qui s'est passé et tu te dis que tu as été le clou de la soirée d'un enterrement de vie de garçon malgré toi.

samedi 5 août 2006

Vendredi soir

Août est toujours introuvable.
J'ai un plaisir fou à l'imaginer dans les passants que je rencontre. D'Ailleurs au souper le maitre d'hotel aurait fait un Août parfait. Mais je ne lui ai pas dit, j'ai gardé pour moi ce secret en le regardant du coin de l'oeil.

Je suis allée voir mademoiselle P. aujourd'hui. Elle était de fort bonne humeur puisque courtisée par un (horrible) chanteur. À 95 ans, il faut bien savourer la vie...

mardi 1 août 2006

- It's not your first therapy, is that right?

Ce sont ses yeux qui engendrent la première brise. Des yeux d'un vert intense, presque de la même teinte que le mur derrière, à l'exception que les iris semblent attirer et retenir la lumière.
-En effet.

Et puis son petit sourire, à la limite de l'arrogance. Le petit écriteau sur la porte indiquait Dr. Paterson et elle se demande quel prénom pour bien lui aller.

- Have you been to another therapist in New York?
- Vous faites une enquête sérieuse?
- Of course, not.
- Et puis c'est une information que l'on pourrait qualifier de confidentielle, non?

Un prénom anglais sans doute puisque son accent est le plus british qu'elle ait entendu depuis qu'elle est à New York. Peter? Non... William?

-Certainly.
- Mais pour être franche, j'ai dû en consulter autant que vous avez eu de patients.

Son air ahuri ravive le vent au creux de son ventre. En plus, elle a menti. Elle a sûrement rencontré plus de psychologues que lui de patients.

- Je blaguais.

Sourire. Elle n'a soudain plus aucune envie de se confier.

- Je suis désolée, vraiment, mais...

En se penchant pour ramasser son sac sur le sol elle jette un regard vers le diplôme accroché sur le mur en coin. Aidan. Parfait. Mieux que Paul ou Henry.

- Je crois qu'il va falloir mettre fin à la séance, j'ai soudainement une folle envie de vous embrasser et ça risque de nuire à la thérapie. Alors je vais sortir...

Elle se tourne vers la porte et se détourne, comme poussée par une drôle d'envie.

- ... Et je vais aller m'asseoir sur le banc bleu qui se trouve en face de votre bureau, dans le parc. Celui que l'on aperçoit de votre fenêtre. Donc, je vais m'y asseoir, prendre mon bouquin favori et en lire quelques pages. Je vous dis ça comme ça, juste au cas ou.

Comme elle va franchir la porte, sa voix la retient.

-Do you make this kind of proposition to all your therapist?

Elle lui fait un immense sourire, plongeant ses yeux dans les siens.

- Oh mais, rassurez-vous, vous êtes le premier que j'ai envie d'embrasser aujourd'hui.

lundi 31 juillet 2006

Lundi

Lundi matin.Très matin.

Tu te dis que la danse d'hier n'était peut-être pas nécessairement une bonne idée, que tu aurais peut-être eu avantage a te garder quelques heures de sommeil de plus en réserve. La journée sera longue, Montréal est couverte de nuages. Tant pis. Il faut toujours assumer les conséquences.

Dernier jour du mois de juillet. Août sera heureux et célibataire.

mercredi 26 juillet 2006

Mercredi soir

Dans mes oreilles...

"...Le vent est si tendre sur midi
tu es septembre sur Paris
je pense à toi, ça fait du bien
toi dans ta ville et moi transibérienne
qui t'aime et qui t'adore
et qui se hait d'aimer si fort
l'amour est comme je le redoutais...

Imparfait
le monde est imparfait
imparfait..."

Du Ariane Moffat à pleine tête alors que mes doigts s'amusent, gigotent sur du papier noir, sur des cadres de glace. Des désirs, des essais, aurai-je jamais le courage de.

Mardi nuit

Une idée folle.
Celle de mettre toutes ces relations dans un photomaton.
En faire un scrapbook pour coller les morceaux.
Et rire.

dimanche 23 juillet 2006

Dimanche.
J'ai tout balancé. Retour à la case départ.
L'habituelle nostalgie qui me court dans les veines depuis quelques vingt-quatre heures. Je me bats avec les souvenirs. Matisse et Galère m'ont transporté bien loin cette nuit, merci à eux.
Le chat se fait caline...

samedi 22 juillet 2006

Samedi.
Envie folle de tout foutre en l'air. Pour une fois que je me bats, que je tente de rester, que je résiste à ce vent qui court dans mes veines...
Incapable de le rejoindre. C'est son anniversaire et ses deux téléphones sonnent dans le vide. Comme hier soir alors qu'il m'avait demandé de le rejoindre au centre-ville. Une folle envie de tout foutre en l'air.

vendredi 21 juillet 2006

Jeudi

Il y a l'envie de fuir toujours aussi présente. Peut-être plus même tellement. Tellement plein de choses. Je ne sais plus si le coeur dirige ou la raison. Le centre ou la peur.
Je me suis changée les idées avec d'autres. Son répondeur est resté vide de ma voix.

Temps superbe sur Montréal. Orage. Je suis trempée.

mardi 18 juillet 2006

Un pont. Une main. Un appui. Des sourires. Des lumières. Quelques photos qui feront offices de souvenirs quand les trous noirs goberont ma mémoire...

lundi 17 juillet 2006

Lundi.
Tout va beaucoup trop vite. Les secondes défilent et se battent contre la fatigue. Tout mon corps...

J'ai peur. De rentrer.

Maman,
sur le sol des morceaux de moi et de cauchemars éparpillés.

dimanche 9 juillet 2006

9 juillet.
Réapparition. Je suis sur Paris, au milieu des cheminées que j'aime tant, folle amoureuse de Prgue que j'ai du quitter il y a deux jours.
La maison est loin.
Je m'ennuie de ...
Mon chat. Mon lit. Mes livres. Mon ordinateur. Un réfrigérateur plein à craquer. De la limonade. Des framboises sur mon balcon. Mon balcon. Mes amis. Ma mère au bout du fil. Lui que je n'ai pas eu le temps de mordre et de gouter de tout mon saoul avant de partir.