mardi 30 avril 2019


Ce soir-là, tu n’allais pas bien. Il y avait bien tes bras autour de moi et tes sourires, mais je sentais l’urgence d’engourdir quelque chose au fond de ton ventre. 
- Je veux encore un verre avant d’aller dormir.
Je n’ai rien dit mais j’ai noté mentalement le défaut. L’accroc. Je connais ce regard. Cet appel. Je ne le veux pas dans ma vie. Mais comme tu n’y es pas vraiment, comme tu ne t’y glisses que par intermittence, comme tout le reste pèse trop dans la balance, je n’ai rien dit.
Tu as ronflé. Fort. Et je t’ai poussé, mais ça n’a rien changé. 
Alors au milieu de la nuit, je me suis levée pour aller dormir plutôt sur le canapé. Dans le noir, incapable de trouver une couverture, j’ai agrippé mon manteau, emprunté une serviette et je me suis construis un nid pour les quelques heures avant le réveil.
Brutal.
Tu as allumé la pleine lumière sans avertissement, j’ai crié, tu as crié.
- Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Dans le noir de la chambre, tu as pensé que ton réveil avait été assez subtil pour ne pas me tirer de mes propres songes et tu t’es glissé à pas de loup hors de la pièce. Pensant me laisser dormir. 
J’ai ri.
- Ton sens de l’observation est fantastique, vraiment.
J’ai pris ta main et je t’ai ramené sous les draps. Les matins m’appartiennent.