dimanche 25 mars 2018

Il y a une semaine maintenant que la bombe a explosé.

J'attends impatiemment le moment où tu me diras que ce n'est qu'une blague.

Ce matin, mon réflexe a été de vérifier mon téléphone. Parfois, bien saoul, tu m'écrivais à trois heures du matin pour me dire que j'étais la meilleure soeur au monde.

Je me sens seule.

mercredi 21 mars 2018

4.

Déjà.

Tout ça vient par vagues. Il y a des moments où je me sens forte. D'autres où le monde s'écroule. Et d'autres encore où je me trouve dans des situations délirantes que tu aurais adorées.

Comme A. qui appelle des fleuristes parce que je ne sais plus comment nous est venu l'idée qu'un bouquet de fleurs en forme de moustache serait juste parfait pour toi le jour F.

Les gens lui souhaitent leurs sympathies, puis lui demandent le genre de moustache qu'elle souhaite. Et elle qui répond : « Une moustache laide et impressionnante. Il arborait fièrement une très laide moustache. » Et les gens rigolent, puis s'excusent de rire...

Tu aurais ri aussi. Je t'entends encore. Et ça me brise le coeur de savoir que tu ne riras jamais plus avec moi.

mardi 20 mars 2018

Jour trois.

J'apprivoise les mots.

Décédé.
Corps.
Exposition.

Je hurle en silence.

A. m'a dit : « Je voudrais te dire que ça passe rapidement, mais je ne te mens jamais, tu le sais bien. »

La douleur toujours aussi présente.
La colère aussi. Vague de fond qui revient quand je pense à tout ce que nous n'aurons pas. Ne vivrons pas. Ne partagerons pas.

Seule la vulgarité me donne les mots pour dire ce que je ressens.
La vie est une salope.
Je me répète, mais ça n'a pas d'importance.

lundi 19 mars 2018

Jour 2 après toi.

J'ai toujours cru que les auteurs exagéraient quand il est question de deuil. Je me rends compte aujourd'hui qu'aucun mot ne pourrait rendre le vide que tu as laissé. Que je passerais six cents pages à décrire des souvenirs, à documenter tout ce qui me rappelle toi dans mon quotidien.

Z. est maintenant la reine des grimaces de la famille et c'est d'une tristesse infinie.


dimanche 18 mars 2018

La vie est une salope.

Il n'y a pas d'autres mots pour ce vide immense qui s'est créé en moi. Pour cette douleur si hurlante dans chaque muscle de mon corps. Dans chaque cellule de mon coeur. Je ne pensais jamais pouvoir autant pleurer.

J'ai l'air une actrice de série B.

Et je suis en colère...

J'en veux à cet accident de m'avoir volé dix ans de souvenirs avec toi. De ne plus savoir à quoi tu ressemblais quand tu étais bébé. Quand je t'ai appris à lire. Quand tu m'as couru après dans le but de me tuer (anecdote que j'ai toujours trouvé croustillante et qui me semble amère à présent).

J'en veux à notre passion pour notre boulot, de celles qui font qu'on se pousse toujours trop loin.

J'en veux à ceux qui étaient près de toi et qui n'ont pas vu que tu était trop fatigué pour prendre la route.

J'en veux à celui qui m'a dit que tu étais conscient au moment où sont arrivés les secours parce que ça signifie que tu as vu la mort venir et que je n'ai plus que cette image en tête.

Tu étais mon modèle. Tu l'es encore. Tu resteras toujours mon étoile filante.

(Et si tu vois ce texte et que tu me connais sache que je ne veux pas de condoléances. Je veux juste que ce ne soit pas arrivé. Ne m'en parle pas.)