dimanche 27 août 2023

Juillet 2

Je ne saurais pas dire ce qui a mené à cette proposition, mais au détour d'une journée, je t'ai proposé de venir te faire massacrer au Scrabble. 

Entre mes vacances et les tiennes, nos agendas ont trouvé un terrain d'entente en après-midi.

Il y a eu trois parties.

Mardi. Jeudi. Dimanche. 

La première, nous sommes restés bien sagement chacun de notre côté du plateau où j'ai accompli ce que j'avais promis. Entre les mots échangés et les fous rires devant leurs promesses (punir, vraiment ?), on s'est raconté le fil des mois passés. Tu partais ensuite chez des amis, j'ai maladroitement ouvert plusieurs portes, comme s'il était possible d'étirer le moment, mais tu as bien fait mine de n'en voir aucune.

La deuxième, nous avons creusé davantage les territoires. Tu m'as parlé de ton départ prochain, tu m'as vu me défaire en petits morceaux devant les messages étranges de mon père, je t'ai proposé un road trip inattendu le mardi suivant pour tenir ma main le temps d'une visite et tu as dit oui tout de suite. Le plateau nous servait de frontières, nous en avons respecté les contours, mais il y avait déjà promesse de retour. 

La troisième a eu lieu en fin de soirée. Je revenais d'un souper, toi, du boulot. Je t'ai avisé que j'avais déjà bu, tu as choisi la tisane. Et il y avait dans ton refus tout les non-dits de mai. Je t'ai encore battu, nous avons ri. Je t'ai proposé un verre d'oubli, tu as accepté. Nous avons étiré les heures jusqu'à ce que mes yeux se ferment tout seuls et que je te demande de partir. Dans le couloir, j'ai traversé d'un coup la distance réglementaire et je t'ai embrassé avant que tu passes la porte. Un peu parce que j'étais pompette, un peu parce que j'en avais furieusement envie.

Je ne t'ai jamais dit que le mot tyran prend un y au lieu d'un i. 

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