On s'est retrouvés à l'endroit habituel. Il y avait longtemps. J'avais oublié qu'il mettait toujours un temps fou à arriver. J'ai attendu à l'abri d'une bouche d'air chaud et ça a prit une éternité et demi je crois avant que je l'aperçoive traverser la rue. J'ai poussé la porte pour le rejoindre et nous avons éviter de nous faire la bise pour ne pas risquer de se tromper.
On a remonté la rue Saint-Denis vers notre restaurant préféré mais on s'est arrêtés en chemin, dans un nouveau vietnamien. Changer d'habitudes. On n'avait encore presque rien dit si ce n'est des banalités, on s'apprivoisait avec la distance.
Après avoir commenté la carte et la décoration, il a bien fallu combler le silence avec autre chose que nos conneries. On a parlé de l'autre, Mon Copain. Ma déclaration n'était donc pas passé inaperçue. Il me la renvoyait en pleine figure, voulait avoir des détails. Sitôt que je parlais, il disséquait cet autre qui m'avait pris entre temps. Entre lui et moi. Du temps.
Il a dit:
- Ça veut dire que je dois me trouver une autre promise.
Je n'ai pas compris.
- Rappelle-toi, on a fait comme dans ton film de filles préféré. On s'est promis que si j'atteignais trente ans sans trouver une femme, on se mariait.
J'ai fait dévier le sujet. Vers sa vie à lui, ses conquêtes. Nombreuses. Il m'a raconté des détails croustillants, m'a fait rire avec son cynisme. Le temps à filé. En sortant du restaurant, on a évité le cinéma pour ne pas se retrouver l'un à côté dans le noir. Il m'a reconduit.
Devant ma porte, on a eu un moment d'hésitation. Et puis tant pis, on s'est fait la bise, le temps de partager nos odeurs. Et surprise... On ne s'es pas trompé. Il n'y a eu ni papillons, ni baisers volés. Quand j'ai claqué la portière, nous avions enfin trouvé. L'amitié ou presque.
3 commentaires:
ça m'évoque de vieux souvenirs…
J'aime ce passage:
"Entre lui et moi. Du temps".
À défaut de dire que j'aime l'ensemble de ton oeuvre.
Francis.
Je découvre à mon tour
Publier un commentaire