jeudi 4 janvier 2007

Ça faisait plusieurs fois qu'il le demandait.
Nous deux, ça rime à quoi? Quel est notre but?
Moi, je haussais les épaules, je changeais de sujet. Pourquoi faudrait-il un but à une amitié?
On se téléphonait plusieurs fois par semaine, moi de jour et lui de nuit simplement pour me faire enrager. Je lui laissais la poésie des autres sur son répondeur, il me laissait de la musique sur le mien. Parfois, nos voix se croisaient.
Qu'est ce que tu fais ce soir?
On pourrait aller prendre une bière.
Face à face, il y avait souvent des silences, des regards, des mensonges. Je ne lui disais pas tout parce qu'il a le jugement facile et il secouait la tête en silence quand mes questions devenaient trop personnelles.
Je me souviens, il y a 5 ans, quand nous nous sommes rencontrés, il m'avait dit que nous finirions par nous marier. Ça ne voulait rien dire, mais c'était un spectre de trop, peut-être. Quand il me disait encore
Nous deux, ça rime à quoi? C'est quoi notre but?
Moi, j'avais ce mariage dans la tête et je me disais que c'était ridicule puisque nous n'avions jamais que dormi lorsque nous étions allongés côte à côte et qu'il sent beaucoup trop le savon pour que je m'accroche à lui.
Dernièrement je me suis mise à fréquenter son bar préféré. Parfois il venait, parfois pas. Quand j'arrivais après lui, j'allais le rejoindre à son bout de bar le temps d'une bière, de se raconter la semaine. Quand j'arrivais avant lui, il y avait indéniablement quelqu'un à côté de moi quand il mettait les pieds sur la piste de danse. Il secouait la tête, me demandait avec quelle phrase je m'étais fait approchée.
Décembre, il a laissé un message.
Rapelle-moi.
Allo?
Je t'ai appelé pour te dire que je ne veux plus jamais te voir ni te parler ni savoir ce que tu deviens.
Habituellement, c'est moi qui fait ces grandes sorties et qui revient au bout de six mois. Je n'ai rien dit, j'ai tranquillement déposé le téléphone sur son socle. D'Accord.

Cette nuit, dans un moment de panique terrifiante, mes doigts ont composé son numéro que je sais toujours par coeur. J'ai raccroché avant la première sonnerie.

3 commentaires:

Véronique a dit...

bonjour
tu as vraiment une belle plume...
alors vous allez ou vous deux?
lolita

Amnésie et autres cies... a dit...

*Sourire*
Merci pour le compliment...
Nous deux n'allons nulle part maintenant. Je crois que c'est fini pour de bon, ne reste plus à mes doigts qu'à oublier son numéro.

J-P a dit...

l'amitié ressemble parfois étrangement à l'amour, avec les mêmes complications et les mêmes interrogations. je rêve du jour où les autres ne se poseront plus autant de questions, moi compris.