lundi 21 décembre 2009

Six mois qu'elle est partie.
On a dépêché un comité d'accueil. Avec nos deux géantes en guise de vigie. On a même acheté un ballon en forme de coccinelle pour être sûrs qu'elle ne nous rate pas.

J'avais la frousse.

La frousse qu'elle m'en veuille de lui avoir menti depuis maintenant quatre mois. La frousse qu'elle se fâche de l'avoir tenue à l'écart. La frousse qu'elle dise non.

Ils sont apparus au bout du couloir, bronzés comme des Zimbabwéens comme ils nous l'avaient promis. Elle sautait partout, n'avait pas changé. Chacun les a serré dans ses bras et puis tous m'ont jeté un petit regard en coin.

J'ai dit:
- J'ai quelque chose à te montrer.
Et puis j'ai ouvert ma veste, dévoilant le petit renflement de mon tee-shirt mauve sur lequel j'avais pris soin de coudre Veux-tu être ma marraine?

Elle a ri, nous avons pleuré, j'ai eu droit à un des câlins les plus intenses de ma vie et... elle a dit oui.

samedi 19 décembre 2009

Il a dit:

Je me trouve gros, je me trouve gras, je ne me sens pas bien dans mon corps aujourd'hui. Je voudrais être une danseuse brésilienne.

Je n'ai pas su quoi répondre. Et je commence à comprendre quel enfer ça peut être de vivre avec une femme qui se pose ces questions beaucoup plus souvent qu'un homme. Je compatis.

vendredi 18 décembre 2009

J'ai dit:
- Tu sais que tu dois te faire couper les cheveux avant Noël?
- Oui, oui.
- Moi, je pensais me faire faire des mèches roses, question de profiter du fait que je ne travaille plus pour un Collège-catholique-et-avec-règlement-sur-la-couleur-des-cheveux.
Il m'a regardé avec un drôle d'air.
- Ça fait tellement Laval...

L'art de couper toute envie.

dimanche 13 décembre 2009

Au réveil, j'ai eu la désagréable impression de m'être fait rouler sur le corps par un dix roues durant la nuit. Pourtant, je suis sage comme une image depuis des mois maintenant. Je me rappelle à peine du goût du vin rouge.
J'ai dit:
- Dis donc, tu n'aurais pas vu un convoi d'éléphants passer dans la chambre pour me piétiner, cette nuit? Je me sens pas mal écrapoutie...
Il a ri.
- Non, pas un convoi d'éléphants, les déneigeuses! Elles passaient dans la rue et je leur ai demandé de faire un détour.

Ça explique tout...
Je ramasse depuis les bouts de moi un peu partout sur le plancher et, d'ici quelques heures, je devrais être de nouveau en état de marche.

jeudi 10 décembre 2009

J. a dit:
- J'aurai trente ans dans moins de six mois, maintenant.
Ouf. J'ai retenu ma respiration. Il ne me restait plus grand temps si je voulais nous éviter ce mariage-qui-tournerait-sans-aucun-doute-à-la-catastrophe-mais-qu'on-s'était-promis-si-jamais...
J'ai répliqué:
- Qu'est ce que tu penses d'une fiancé russe? Elle aurait l'avantage de ne pas parler français et de ne pas avoir d'opinion politique, ce serait pus simple...

mercredi 9 décembre 2009

C'est fou, même si je n'ai que ça à faire, je n'ai pas vu l'hiver arriver avant ce matin...

mardi 8 décembre 2009

Je ne fais JAMAIS ça. Et comme jamais c'est ennuyant, je le fais aujourd'hui, je me mets dans une chaîne parce que j'aime ce qu'elle représente et le travail de souvenirs qu'elle demande de faire.

Et puis de toute façon je suis un maillon seul, les autres maillons ne sachant pas que je me suis liguée. Je suis un maillon anonyme et, juste ça, c'est chouette.

Polytechnique: J'ai 4 ans, je suis haute comme trois pommes et trois-quarts et mon plus gros plaisir de la journée est de déchiffrer les lettres dans les nombreux livres de ma bibliothèque. Je vis dans une maison bleue et, quand il neige, mon père me traine dans sa grosse pelle en métal et me jette sur le dessus de la montagne. Autour de moi, personne ne meurt, personne ne souffre, j'ai le bonheur facile et la vie me semble infinie.

11 septembre: Je suis dans un cours d'histoire quand mon prof s'interrompt pour mettre la télévision en direct. Je suis toute en noir, j'ai le bonheur enfoui sous le eye-liner et les rubans de velours. J'ai le désespoir facile et les images que je vois ne m'aident pas à avoir confiance. J'écris dans la marge de mes cahiers les mots les plus sombres que je puisse imaginer et je jure que je ne vivrai pas vieille.

Aujourd'hui: Je suis encore entourée d'adolescents en construction et j'ai plus de facilité avec ceux qui prennent le monde à l'envers parce que je comprends. J'ai grandis, j'ai fait des folies et j'ai choisi le conte de fées moderne plutôt que la dépression. Les lettres sont des amies volages, mais toujours présentes. Je fais le voeux de vivre vieille parce que ce que je suis en train de tricoter, j'aimerais le voir grandir.

samedi 5 décembre 2009

Petite musique dans mes oreilles, sous les deux gros écouteurs qui me coupent du monde extérieur. Dehors, pas de neige, mais un froid insidieux qui fait que les Chats se roulent en boule à mes pieds.

Le temps des secondes qui tombent dans l'oubli...