mercredi 28 mars 2007

Sur les terrasses, des gens vêtus de leur plus beau foulard qui profitent des premiers rayons un peu chaud. Je les envie. Dans ma vieille bagnole qui avance pouce par pouce, prisonnière du traffic, je peste. Je me ronge un peu les ongles, je change le poste de radio, j'échappe le disque de Dumas sous mon siège, je cale en voulant repartir trop vite. Sur les terrasses, les gens ont l'air heureux, plein soleil. Je devrais l'être aussi, heureuse, mais je n'y arrive pas. Je n'ai qu'une seule pensée en tête. Quand il arrivera, je laisserai la porte du vestibule fermée et je lui demanderai: M'aimes-tu seulement pour mes cheveux?

Je hais les coiffeurs.

mardi 27 mars 2007

"Bad day
Lookin for a way, home...
Lookin for the great escape"

Dimanche, je me suis enfin décidée à aller chez toi. J'aurais dû le faire avant, je sais, mais un je ne sais quoi m'en empêchait. Ton appartement te ressemble. Même après tous ces jours sans toi, il te respire. Je t'ai cherché dans les pièces mais je n'y ai trouvé que les traces de ton départ fracassant. J'ai arrosé tes plantes, je les ai même peut-être noyées tellement j'ai voulu bien faire. Je n'ai touché à rien d'autre, ni à ton réfrigérateur qui doit moisir, ni à ton répondeur qui clignotait. Ce n'est pas de mes affaires. On se ressemble là-dessus.
Reviendras-tu?
En me promenant dans les pièces je me suis dit que ce départ était peut-être le bon et j'ai eu un peu peur. Est-ce qu'en ouvrant ses ailes ton père t'a redonné envie de tes racines?

lundi 26 mars 2007

"Fixer le temps, un point à l'horizon ..."

Des secondes qui s'égrènent, tic-tac, laissant des rides sur mes sourires. Les minutes qui s'étirent, tic-tac, paresseuses sous la pluie.

Par la fenêtre, les heures refusent de passer.

vendredi 23 mars 2007

Formons un cirque.
Je serai funambule et tu seras mon clown. Si tu veux, je te dessine des cheveux bleus et d'autres verts, je te peins un nez rouge et un sourire immense. Moi, je glisserai mon corps dans une robe de nuit et je ferai celle qui rêve sur un fil.
Si j'ai peur de tomber? Ça n'entre même pas en ligne de compte. Depuis quand les artistes du cirque se soucient de tomber? Mais de toute façon, j'ai pensé à tout. Si je tombe, tu me rattraperas.
Dis, tu me rattraperas, hein?

mercredi 21 mars 2007

Je ne sais plus ce qui se passe.
Ou plutôt je sais mais je me bouche les yeux, je cesse de respirer et je joue à l'autruche, la tête dans le sable.
Trois mois.
Le temps d'une saison ou d'une courte vie, le temps d'un amour.
Qui s'égrène...
Ou pas.
Je me bouche les yeux, je cesse de respirer et je joue à l'autruche, la tête dans le sable.
Pas cette fois, s'il vous plait...

mardi 20 mars 2007

"Je cueille des iris qui fanent"
Lilas

La tête pleine
oubliée
Dans un quelque part lointain
oublié
Lui aussi.

dimanche 18 mars 2007

Il a dit:
Je te promets que je ne travaillerai pas ce week-end.
J'ai fait la sourde oreille. Deux fois déjà que nos châteaux de sable s'effondraient, je n'avais aucune envie de voir de nouveau le sable couler entre mes doigts. Je lui ai dit oui, oui je te crois... et, en silence, je me suis convaincue qu'il allait travailler. Je me suis dit au pire j'avais raison, au mieux c'est une jolie surprise que de le trouver libre. Devant mon refus à faire des plans, il a vite compris mon stratagème.
Il a dit:
J'aimerais que tu me fasses plus confiance.
Je lui ai dit oui, oui je te fais confiance et je l'ai laissé construire tout seul notre château de sable en donnant quelques fois un coup de pelle pour donner le change. Mais, en silence, je me construisais mon propre palais. Un palais un peu rose, un peu vide, un peu pour passer le temps.
Vendredi, il a dit:
Je suis libre.
J'ai dit oui, oui, je savais bien... et puis, tout à coup, j'ai pris conscience des mots qu'il venait de prononcer. J'ai pris ma pelle et je lui ai tendu la sienne. Ensemble, nous avons construit un pont entre nos appartements royaux.

jeudi 15 mars 2007

J'ai la page blanche et les journées trop occupées pour penser.
Faut-il être rendu aveugle pour oublier de sentir le temps qui s'échappe...

dimanche 11 mars 2007

Je t'ai vu dans la rue.
Je sais que c'était toi, je t'ai reconnu à ta démarche un peu particulière, à ton manteau, celui qu'on a acheté ensemble, te rappelles-tu...
J'ai pensé crier ton nom. Je l'ai pensé très fort et puis je n'ai rien dit.
Je t'ai suivi un peu, presque par envie, presque parce que c'était aussi mon chemin. Tu traversais des rues avec ta main gauche qui pendait, seule. J'avais envie de courir te rejoindre, de glisser ma main dans la tienne, d'oublier les mois qui ont entrecoupés nos baisers. J'ai eu envie très fort et puis je n'ai rien fait.
Devant le 802, je t'ai laissé à ton futur et j'ai remis notre passé dans un tiroir de ma mémoire. J'étais à destination et pas toi.

samedi 10 mars 2007

Parfois il s'agit d'un jeu de téléphones malchanceux. Une suite de coïncidences qui joue contre nous.

"- Tu ne m'as pas rappelée!
- Quoi? C'est moi qui a laissé un message sur ton répondeur aujourd'hui.
- Tu n'as pas eu mon message? J'ai rappelé pendant que tu dormais, c'est ta coloc qui a pris le message."

Merde. Dire qu'on aurait pu aller souper.

"- Je suis désolé, j'ai voulu t'avertir que j'arriverais en retard, mais quand j'ai appelé la ligne était occupée.
- Oui et bien tu aurais pu essayer un peu plus tard..."

jeudi 8 mars 2007

Alors que la ville dort et que même le chat oublie de bouger, une petite voix dans ma tête.
J'ai peur...

mercredi 7 mars 2007

Devant moi, le métro est bondé. Je me faufile entre les passagers, tentant tant bien que mal de n'en accrocher aucun. Au fond du wagon, un vieil homme tente de faire entrer un journal dans le sac qu'il a posé sur le banc de libre, à coté de lui.
-Un instant mademoiselle, je vous laisse le banc.
Je souris, fais signe que ce n'est pas grave. L'homme se dépêche, reprend son sac. Je lui dis merci, m'assois. Les stations passent, filent. À la mienne, lorsque les portes s'ouvrent, je me retourne pour lui souhaiter une belle fin de journée.
- Bonne soirée à vous aussi, mademoiselle.
Et c'est drôle, ça sonnait comme une bénédiction...

mardi 6 mars 2007

Dans le froid terrifiant, je suis sortie pour lui faire une surprise.
Du coin de la rue, j'ai posé des flèches sur le sol. Des bleues, des jaunes et des vertes que j'ai fait tenir avec des briques, du ruban adhésif, des bacs à recyclage. Des flèches jusqu'au balcon de mon voisin consentant. Dans sa boite aux lettres, ma clé.
Des flèches jusqu'à mon balcon.
De l'autre côté de la porte, une affiche contre le mur.
Trouve-moi.
Je l'ai entendu retirer son manteau, pester contre le froid frigorifiant, m'appeler. Dans le placard, je n'ai rien dit.
Des flèches encore, de l'entrée jusqu'au fond de la cuisine, menant jusqu'à un vase. Vide. En haut, une autre affiche.
Tu ne m'as pas encore trouvée?
Je l'ai entendu me chercher dans la salle de bain, dans le lit, dans mon garde-robe. Mais le chat s'est tanné de nos jeux d'adolescents et il m'a vendue, se jetant contre la porte de mon placard.
Je t'ai trouvé !
Quand il a ouvert la porte, je lui tendais les trois branches de bambous qu'il me demandait depuis des mois.
Un, deux, toi.

lundi 5 mars 2007

Dans la maison bleue, les escaliers forment une suite de marches entrecoupée d'espaces vides. Il est tard, il y a longtemps que je devrais être au lit. Sur mon ventre, je serre mon petit lapin en peluche. Chut, on ne devrait pas être ici. De l'autre côté de la fenêtre créée par les marches, ils s'embrassent. Je ne sais pas trop pourquoi, mais confusément j'ai l'impression que ça ne va pas. Que l'image n'est pas bonne. Que la femme ne devrait pas être là. Je remonte les marches. Sur la pointe des pieds. Je retourne dans mon lit. Dans cette chambre qui me fait si peur à cause de la trappe dans le plafond. Doucement, j'enfonce mes ongles dans mes paumes et, quand la douleur est assez forte, je commence à pleurer.

samedi 3 mars 2007

J'ai appelé ma mère de la gare, empêtrée dans mes bagages, frigorifiée sur le quai extérieur.
J'ai dit:
Je pars.

Il y a eu un silence. Dans ma tête, j'ai refait le pour et le contre, j'ai de nouveau balancé la liste des négatifs derrière mon dos et j'ai poursuivi:
Je te promets que je vais revenir.

Au bout du téléphone, je l'ai serrée dans mes bras comme je pouvais. Je n'avais aue cela à lui offrir, une vérité un peu flou, sans date fixe. Le bruit s'est amplifié à ma gauche, je lui ai murmuré que je l'aimais, j'ai raccroché et j'ai pris une grande inspiration.
Dans ma tête, j'ai soufflé:
Attends-moi, j'arrive.

jeudi 1 mars 2007

On s'est retrouvés à l'endroit habituel. Il y avait longtemps. J'avais oublié qu'il mettait toujours un temps fou à arriver. J'ai attendu à l'abri d'une bouche d'air chaud et ça a prit une éternité et demi je crois avant que je l'aperçoive traverser la rue. J'ai poussé la porte pour le rejoindre et nous avons éviter de nous faire la bise pour ne pas risquer de se tromper.

On a remonté la rue Saint-Denis vers notre restaurant préféré mais on s'est arrêtés en chemin, dans un nouveau vietnamien. Changer d'habitudes. On n'avait encore presque rien dit si ce n'est des banalités, on s'apprivoisait avec la distance.

Après avoir commenté la carte et la décoration, il a bien fallu combler le silence avec autre chose que nos conneries. On a parlé de l'autre, Mon Copain. Ma déclaration n'était donc pas passé inaperçue. Il me la renvoyait en pleine figure, voulait avoir des détails. Sitôt que je parlais, il disséquait cet autre qui m'avait pris entre temps. Entre lui et moi. Du temps.

Il a dit:
- Ça veut dire que je dois me trouver une autre promise.
Je n'ai pas compris.
- Rappelle-toi, on a fait comme dans ton film de filles préféré. On s'est promis que si j'atteignais trente ans sans trouver une femme, on se mariait.

J'ai fait dévier le sujet. Vers sa vie à lui, ses conquêtes. Nombreuses. Il m'a raconté des détails croustillants, m'a fait rire avec son cynisme. Le temps à filé. En sortant du restaurant, on a évité le cinéma pour ne pas se retrouver l'un à côté dans le noir. Il m'a reconduit.

Devant ma porte, on a eu un moment d'hésitation. Et puis tant pis, on s'est fait la bise, le temps de partager nos odeurs. Et surprise... On ne s'es pas trompé. Il n'y a eu ni papillons, ni baisers volés. Quand j'ai claqué la portière, nous avions enfin trouvé. L'amitié ou presque.
Des effluves de printemps.
Dans mon quartier il y a des étudiants qui s'assoient en plein soleil sur leur balcon vêtus de leur manteau d'hiver pour étudier. Dans mon métro il y a de très vieilles femmes qui sortent leur chapeau à plumes pour émoustiller les plus jeunes. Dans mon appartement il y a une colocataire qui pensent déjà à ce qu'elle fera bientôt pousser sur son balcon. Dans ma future vieille bagnole il y a un tournesol accroché au rétroviseur.

Quoi, une tempête prévue pour demain? Ouf, moi qui vient de retrouver mes pantalons de neige perdus au fond d'un carton...