jeudi 30 novembre 2006

Il m'a fallu quarante minutes pour partir de chez moi et atterir en plein Dublin, mardi soir. Il a suffit de descendre quelques marches et de pousser une porte pour gober les six milles et quelques kilomètres qui me sépare de cette ville presque mythique dans mon imaginaire. De la Guiness, des trèfles à quatre feuilles, des voix anglaises, un chanteur en Kilt. Si ce n'avait été du téléviseur en coin qui montrait la partie de hockey, je me serais crue ailleurs...

dimanche 26 novembre 2006

Un blocage. Des mots plein la tête et pourtant rien qui ne sort. Des gens dans mon salon, des voix dans ma tête. Des pinceaux qui font des bavures alors que mes mains tremblent. Craqueter. Faire des craquements répétitifs.
Je craquetais dans ma tête avec l'intime conviction que je devais faire quelque chose. Après tout c'est dimanche. Je ne peux pas trainer mes fissures jusqu'au lundi.

J'ai mis une casquette sur ma tête et des gants dans mes mains. Je suis sortie courir.
Sur la rue Berri, il y a des gens qui ont installé leurs lumières de Noël.
C'est joli.

mercredi 22 novembre 2006

Quelques fois par semaine, quand l'envie m'en prend ou quand le vent le désire, je décroche le combiné, compose un numéro, attend un message de répondeur. Quand à la fin du message bizarre le petit son strident se fait entendre, je prends une grande respiration et je lis. Cette semaine, je lui ai lu du Jonathan Harnois, ce type que je ne connaissais même pas il y a une semaine et qui me chavire de ses mots qui glissent, qui bercent, qui claquent.

"Ce qu'Andelle est, c'est impossible à rejoindre. Les mots se suicident: ils ne se sentent pas dignes de l'évoquer. Ce qu'Andelle est, c'est impossible à rejoindre. Il faut la vivre quand elle ouvre les yeux le matin, déjà toute disposée à aimer, à aimer comme une femme, à aimer comme l'urgence, ou comme l'aveu, ou aimer comme un fantasme. Aimer sans arme, avec des mots et des chaleurs, avec des yeux sans âge."

mardi 21 novembre 2006

Ce soir, on m'invite au théâtre.
Le On qui m'invite a acheté les billets sans me prévenir, simplement parce que je lui ai déjà parlé, lors de notre première rencontre qui est tout de même récente, de mon amour de la République Tchèque et que, justement, une pièce tchèque est jouée présentement au théâtre Prospéro.
Ce soir, le célibat goûte le chocolat.

vendredi 17 novembre 2006

Vendredi soir. J'arpente le quai du métro avec des larmes qui roulent sur mes joues et de la musique plein la tête.

Je sors d'une projection de Babel.
Rien à dire de plus.

jeudi 16 novembre 2006

"J'y suis parvenue ainsi, en escaladant lentement, en m'accrochant aux brindilles qui poussent entre le bonheur et moi."

Emily Dickinson

Odeurs

Jeudi matin. En sortant du pavillon principal de l'université, sérieusement en retard et les yeux encore collé, le café oublié sur le comptoir de l'appartement situé beaucoup trop loin pour qu'un retour soit possible, une surprise.

Une journée d'automne parfaite. Un ciel juste assez gris pour qu'il ne mouille pas, une odeur céalée, étrange, de feu de camp entre les immeubles de la ville.

mardi 7 novembre 2006

Bonheur

Je me suis acheté un chapeau rose. Il est très rose et particulièrement doux. Quand je marche, je vois en permanence une bande rose dans le haut de mon chant de vision.

Ça me rend follement heureuse.

samedi 4 novembre 2006

Hier

J'ai fait du patinage artistique pendant huit ans. J'ai raccroché mes patins parce que je n'arrivais plus à atteindre les exigences de mes professeurs en ayant du plaisir. Parce que patiner était devenu une corvée, parce qu'il m'arrivait de pleurer le soir en rentrant devant mes pieds qui grandissaient et refusaient d'avoir la puissance nécessaire pour supporter mon corps en expansion dans des doubles et triples envolées et que, parfois, je me cachais des les vestiaires pour écouler mon temps de pratique.

Les trois années qui ont suivi, j'ai parfois pris mon sac en cachette, glissé mes pieds, même si trop grands, dans mes vieux patins et tenté quelques figures sur le lac gelé d'un terrain vague pas trop loin de chez moi. Jusqu'à ce que mes pieds n'entrent plus dans les bottines blanches.

Je suis allée patiner, hier. Je ressors de ces rencontres avec la glace toujours un peu heureuse, un peu mélancolique.

Je n'y peux rien, je suis incapable de ne pas penser aux longues années où mes patins pouvaient me permettre de conquérir un monde terrifiant d'arabesques, de pirouettes et de sauts. Maintenant, sur des patins loués trop mous ou trop durs, mes pieds ne se souviennent plus des mouvements à faire et j'ai l'impression qu'ils se jouent un peu de moi.

J'ai quand même eu beaucoup de plaisir. Juste de glisser, gants rayés rose et noir aux mains, foulard au cou, sur une surface blanche, ça me rend pleine d'un bonheur de petite fille. N. m'a fait rire, il a dédramatisé mes piètres exploits et il m'a même convaincue d'expérimenter la chute ( volontaire et sans réel danger) sans craindre de blesser ce dos qui depuis l'accident me donne mille et une frousse.

Je suis ressortie de la patinoire un peu plus légère, un peu moins frustrée de ma condition actuelle, en me promettant que cette fois, je ne passerais pas deux ans avant de remettre des lames sous mes pieds parce qu'après tout, le plaisir peut être tout simplement de jouer, sans être centré sur la perfomance comme on me l'a longtemps enseigné.

jeudi 2 novembre 2006

Jeudi

21h25. Je mets les pieds sur le trottoir, en sortant du travail. L'air est bon, la lune est jolie. Je passe à côté de ce petit bar, Honey Martin, et je me dis que j'aimerais habiter au-dessus pour venir y passer les jeudis soirs.
22h00. Je sors du métro, presque déjà chez moi. Je respire toujours aussi bien, je me dis que l'appartement sera silencieux, que Paranthèse sautera partout pour m'accueillir, que j'ai faim, finalement.
22h01. L'appartement est plein de lumière. V. et D. y sont, d'humeur joyeuse et fêtarde. Je suis accueillie par un chat un peu fou et par une bouteille de vin rouge à peine entamée. Un verre?
23h15. L'instant est passé. D. est retourné chez lui, V. s'est endormie et Parathèse s'est niché dans le creux de mon bras. Le moment a été court, mais parfait. On a rit beaucoup, on est revenu sur nos théories du bonheur esquissées mardi soir et on en est venu à la conclusion que là, maintenant, c'est du bonheur pur.